Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti Socialiste Unifié (PSU), s'est éperdument exprimée, lors d'une conférence tenue, samedi dernier, à l'amphithéâtre de la chambre de commerce, d'industrie et de services d'Agadir, sous le thème central « situation politique actuelle et tâches de la gauche ». Le ton critique et le verbe percutant, l'intervenante tenait un discours qui versait, de bout en bout, dans un radicalisme béat. Tout en « idolâtrant » le mouvement 20 février dont elle s'identifiait à souhait et auquel elle allouait les actuels acquis, tout au long de son allocution, elle n'hésitait pas, en revanche, de fustiger en vrac, pratiquement tout le reste. Sauf naturellement sa propre formation politique qui avait toujours « raison », depuis que celle-ci a boycotté les élections, à la différence de ses proches alliés de l'alliance démocratique, et qu'elle, auparavant, a tourné le dos à la Constitution considérée comme une « offrande », à l'instar de tous ses antécédents... Pour la dirigeante du PSU, tout le monde avait « tort ». Selon ses propos, le rang de la gauche, disparate et vulnérable, ne peut peser lourd face à cette déficience. La royauté et le gouvernement de « l'ombre », accaparant inéquitablement les pouvoirs, ne lègue que des « miettes » au gouvernement Benkirane. Le régime a donc tout fait pour ériger les islamistes aux commandes à l'exécutif, dans le but de désamorcer la colère de la rue, comme ce fut le cas des socialistes lors de l'alternance afin d'assurer le passage d'un roi à un roi. L'oratrice ne manquait pas non plus de rudoyer la gauche qui, à ses yeux, manquait de personnalité pour avoir joué le jeu de ses « maîtres ». Elle s'en trouve aujourd'hui, entre l'enclume du Makhzen et le marteau de l'Islam politique. Excepté bien évidemment son parti qui, au dessus de toute déchéance, ne s'évertue jamais à tomber dans ce jeu « morbide». Voilà donc où mène l'analyse d'un narcissisme démesuré ! Prétendre que tous les autres, mêmes les plus rangés à gauche, faillent à leur mission et que seul son parti est indemne, s'avère être, en fait, une expression placée au faîte de la vanité politique. Pourquoi alors brandir ce slogan de « l'unité de la gauche », si on s'estime bien au dessus du lot? De quelle unité parle-t-on si on avance que rien n'a été fait, rien ne se fait dans ce pays et que l'Histoire d'un peuple commence avec les jeunes du 20 février dont le mouvement, somme toute, précurseur d'une dynamique certes, n'est, en fait, qu'un maillon militant parmi tant d'autres dans le parcours d'une Nation constamment en effervescence évolutive ? L'appel à la mobilisation de la gauche que lançait Nabila Mounib avec solennité, à l'issue de son réquisitoire nihiliste, est entièrement en flagrant désaccord avec cette flagellation irréfléchie qu'elle ne cessait d'infliger à cette gauche, toutes sensibilités confondues. De la myopie politique quoi ! Cette contradiction est d'autant plus saillante qu'elle se manifeste clairement lorsque la conférencière s'exalte par rapport au retour des valeurs de la gauche dans nombre de pays de la planète, aux pans de la banqueroute du libéralisme. Effectivement, ces néolibéraux, révèle-t-elle, ont finalement jugé bon d'aller creuser dans le répertoire du socialisme pour sauver leurs choix en faillite. Ce plaidoyer en faveur de la gauche d'outre-mer qui combine intelligemment avec les forces vives en place au service de ses peuples respectifs, aurait pu constituer un argument de taille dans l'appréciation de la patronne du PSU, au sein d'un pays émergeant tel que le Maroc. La logique analytique aurait donc eu une signification. Celle de la retenue et du bon sens ! Mais, bon...