Comme mentionné précédemment, le séminaire sur la recherche en sciences humaines et sociales organisé par l'université Ibn Zohr d'Agadir, s'est articulé autour de conférences introductives sur l'état des lieux, d'échange d'expériences marocaines et britanniques et d'ateliers. L'état des lieux de la recherche scientifique en Sciences Humaines et Sociales au Maroc a été analysé lors d'une première conférence animée par le Pr. Mohamed Tozy. Tout en citant les références et documents qu'il a utilisés dans son analyse, le conférencier a réparti son intervention en trois axes : sociologie du métier d'enseignant-chercheur, état de la recherche en Sciences Humaines et Sociales à partir d'un travail bibliométrique, les grands « nœuds » rencontrés par la recherche en SHS au Maroc. Après une exhaustive analyse des trois axes en question, Mohamed Tozy a terminé en insistant sur l'importance de revaloriser le rôle les écoles doctorales au sein de l'Université marocaine pour qu'elles puissent jouer leurs rôles comme moteur du développement de la recherche en SHS et aussi pour préparer la relève en prêtant attention aux post-doc qui constituent la ressource première majeure de l'activité de recherche. Dans le cadre de l'état des lieux de la recherche en SHS en grande Bretagne, M. Bradsley, Conseil de la Recherche Economique et Sociale (CRES), a présenté le CRES et son rôle dans la promotion de la recherche scientifique en SHS, à travers une présentation de ses missions (promouvoir la recherche, former, conseiller), ses sources de financement (Etat, fonds de recherche, industriels, etc.) et ses objectifs stratégiques (performance économique, croissance, etc.). Et pour rester dans l'expérience britannique, M. Rafols de l'Université de Sussex, a indiqué que le système académique s'intéresse aux deux aspects qui régissent la gouvernance de la recherche scientifique en SHS, à savoir : i) Les financements qui sont liés aux impacts sociaux de la recherche sur la qualité de vie des citoyens, et ii) La recherche de l'excellence. Même si les deux paramètres ne semblent pas toujours être en adéquation parfaite, selon M. Rafols, Ils donnent lieu à une recherche transdisciplinaire dont le financement est alloué sur la base d'évaluations menées conjointement par le conseil national de la recherche et le conseil académique d'évaluation, avec une gouvernance autonome et décentralisée. L'expérience marocaine, exposée à travers l'expérience de trois universités marocaines à savoir l'Université Ibn Zohr – Agadir (Par Pr. A. MOUKRIM), l'Université Sidi Med Ben Abdellah – Fès (Par Pr. B. AKDIM) et l'Université Hassan I (Pr. A. FAHLI), a montré les compétences et potentialités dont dispose l'Université marocaine en matière de recherche scientifique en SHS ; et qui reste à valoriser davantage. En termes d'organisation, ces trois universités, depuis 2005, à l'instar de l'ensemble des Universités marocaines, et dans le cadre de la mise en place de la réforme, se sont engagées dans le processus de structuration de la recherche avec l'avènement de la réforme. Ceci a permis, entre autres, l'installation : i) d'instances de gestion pour la recherche et, ii) de la culture de l'évaluation, particulièrement avec l'arrivée du Programme d'Urgence. Cette structuration a participé aussi à faire connaître davantage les travaux de recherche en SHS et unifier la gestion de la recherche au sein des Universités. Toutefois, elle a montré ses limites en ce qui concerne la promotion et l'émergence de pôles de recherche en SHS, et qu'il est temps de procéder à une évaluation de cette structuration de telle sorte à ce qu'elle prenne en considération les spécificités des SHS. Plusieurs recommandations ont émané des intervenants et discussions de ces conférences et présentations, elles sont regroupées avec les autres recommandations données à la fin de ce document. A la suite de ces sessions qui ont porté sur l'état des lieux et l'échange d'expériences, trois ateliers ont été organisés : - Rôle des SHS dans le développement local et régional - Structuration, transversalité et évaluation - Financement et partenariat Les ateliers ont été le siège de débats, d'échanges, de propositions et de recommandations sur ces trois thèmes. Les rapports de leurs travaux ont été présentés dans une séance plénière pour enrichir les résultats de ces ateliers. A partir de l'ensemble des sessions et travaux du séminaire, plusieurs recommandations ont été formulées. Nous résumons les principales, ci-dessous : - Inscrire la recherche scientifique en Sciences Humaines et Sociales parmi les priorités nationales et régionales, et dans tous les projets de développement sociaux et économiques, avec une identification des besoins nationaux et régionaux dans ce domaine - Institutionnaliser la relation Université – Collectivités en matière de recherche scientifique, particulièrement en Sciences Humaines et Sociales - Encourager la transversalité, la multidisciplinarité dans les programmes et projets de recherche, intégrant les différentes disciplines des SHS et celles des autres champs disciplinaires, dans une vision cohérente, assurant la complémentarité de l'ensemble des champs disciplinaires ; - Elaborer une charte de l'expertise et de la qualité dans le domaine de la recherche scientifique en Sciences Humaines et Sociales - Prendre en considération les spécificités des Sciences Humaines et Sociales dans la gestion de la recherche scientifique dans ce domaine (Structuration, Appel à projets, Evaluation, Attribution de moyens, Procédures de gestion financière, Remise de Prix, Formation doctorales, etc.), à travers l'élaboration d'un standard d'indicateurs et de normes spécifiques au SHS - Oeuvrer pour l'édition d'une revue à comité de lecture dédiée aux SHS ;- Encourager la mise en place des pôles d'excellence et/ou de compétences en Sciences Humaines et Sociales - Prendre en considération la recherche scientifique lors du recrutement et dans l'évolution des carrières, et aussi mettre en place les mécanismes nécessaires pour garantir plus de motivation pour les chercheurs dans le domaine des Sciences Humaines et Sociales ; - Veiller au développement et à la diversification du partenariat national et international, au tour de la recherche scientifique en Sciences Humaines et Sociales, pour garantir plus de financement et d'échange d'expériences - Mettre en place une commission de suivi de ces recommandations