Rien que le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) a besoin de 6.350 ingénieurs, soit une moyenne de 1600 par an, a révélé, samedi à Rabat, le directeur des affaires techniques au ministère de l'Equipement et du transport, Abdelhamid Nejjari, lors d'une rencontre initiée par le secteur des ingénieurs du Parti du progrès et du socialisme (PPS) sous le thème “rôle de l'ingénieur dans le développement”. Dans un exposé, présenté lors de cette manifestation, tenue sous la présidence de Mme Charafat Afilal, membre du Bureau politique du PPS et coordinatrice sortante du Forum de l'ingénieur de la modernité et du progrès relevant du PPS, il a précisé que les besoins du secteur du BTP en ingénieurs et cadres supérieurs, tels que définis par une étude réalisée en 2009 par l'OFPPT, s'élèvent à près de 6.350 ingénieurs et 540 cadres supérieurs de management. Selon M. Nejjari, le développement économique et social du pays est tributaire certes d'une bonne gouvernance mais également de l'existence d'une infrastructure pérenne, dont la réalisation requiert l'intervention de l'ingénieur au cours de toutes les phases, depuis la conception jusqu'à la livraison des ouvrages. L'intervention de l'ingénieur est en effet sollicitée pour conseiller au stade de la décision, concevoir, contrôler la conformité des travaux à la conception, au respect des coûts et des délais, conduire les travaux et assister dans la réception des ouvrages, la formation du personnel, la mise en route, et la maintenance pour assurer la pérennité des ouvrages et optimiser les coûts (envasement des barrages, stabilité des ouvrages, fissurations, affaissement des routes etc..). En matière de gouvernance, a-t-il estimé, l'ingénieur est désormais considéré comme “un acteur principal et indispensable” dans la mise en œuvre de la bonne gouvernance, notamment au niveau de l'élaboration des plans sectoriels. Il a par ailleurs fait savoir que le ministère de l'équipement et des travaux publics a mis en place en 2000 un système d'agrément des bureaux d'études techniques (BET) dans l'objectif de contribuer à l'organisation de la profession de l'ingénierie au Maroc, favoriser l'émergence d'une ingénierie compétitive et de qualité et permettre une présélection des BET pour l 'accès aux marchés de l'Etat. Il s'est ensuite arrêté sur un certain nombre de contraintes qu'affronte le secteur, relevant que près de 62,38 pc des BET existants (1034) sont concentrés dans les régions du Grand Casablanca et Rabat-Salé-Zemmour Zaer et que ces BET ne comptent en tout que quelque 1000 cadres, soit une moyenne d'un (1) cadre par BET. Il s'ensuit que plus de la moitié des BET sont gérés par un seul ingénieur (Gérant), a-t-il relevé. Pour sa part, Taoufik Benali, directeur de l'Urbanisme au ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville et membre du Forum de l'ingénieur de la modernité et du progrès relevant du PPS, a présenté un exposé sur le débat national en cours sur la politique de la ville et qui doit être couronné par un colloque national le 27 juin prochain à Rabat. Faisant le point de la situation, il a rappelé que pas moins de 65 pc des Marocains vivent actuellement dans les villes qui n'occupent que 2 pc du territoire national. Dans dix ans, les villes marocaines vont abriter 75 pc des habitants, a-t-il dit, ajoutant que la plupart des villes sont situées le long du littoral et en particulier entre Kénitra et Al Jadida. Selon lui, la politique de la ville en débat doit avoir pour objectif non pas uniquement l'habitat décent mais également la création des opportunités de travail et de richesse. Ce qui requiert, a-t-il expliqué, la valorisation des atouts et opportunités disponibles et leur répartition équitable pour permettre aux habitants de contribuer de manière pérenne au développement économique et social du pays. Dans le cadre de cet édifice, l'emploi constitue une pièce maîtresse dans l'objectif ultime de rendre les villes plus attractives, à travers le renforcement leurs atouts économiques, a-t-il ajouté. Pour y parvenir, a-t-il dit, il est proposé une politique de la ville fondée sur une vision globale visant à développer des villes pérennes, intégrationnistes, productives et solidaires à travers le renforcement du rôle des villes comme pôles de développement et espaces de production de la richesse et de création d'opportunités d'emploi, l'amélioration du cadre de vie dans les zones urbaines qui accusent un déficit en habitat, équipements et services, le revitalisation des secteurs urbains non compétitifs, et la consolidation de la pérennité des villes. Il s'agit donc d'une politique qui se propose surtout d'améliorer la qualité du cadre de vie des populations dans le but ultime de mettre fin aux calvaires de ceux qui vivent dans l'insécurité, la précarité et l' insalubrité (bidonvilles, bâtisses menaçant ruine, quartiers sous équipés et anarchiques, etc…) et ce à travers la qualification et la réhabilitation du patrimoine, l'amélioration du paysage urbanistique, la facilitation d'accès aux services urbains, la réalisation d'espaces publics de qualité, la mise en œuvre de meilleurs systèmes de collecte des déchets solides et liquides, la mise en place d'un réseau de transport urbain adéquat, la promotion de l'efficacité énergétique dans les bâtiments et aménagements urbains, le développement de villes multipolaires et l'encouragement de programme de rénovation urbaine et de maitrise des extensions urbaines. A l'issue de ces exposés, Abdelmajid Marzouk de la fédération marocaine du conseil d'ingénierie a fait savoir que le nombre des BET agréés est loin de répondre de répondre aux besoins croissants du secteur, précisant que le système complexe mis en place pousse un certain nombre d'ingénieurs d'exercer dans l'informel. Il a également fait état d'un certain nombre de défis à relever dont la faiblesse du nombre du personnel des BET et la faiblesse des moyens dont ils disposent pour faire face à la concurrence des BET étrangers qui remportent pratiquement tous les gros marchés marocains. C'est pourquoi, a-t-il expliqué, un grand nombre d'ingénieurs marocains, sortis des grandes écoles marocaines, sont actuellement en chômage, malgré le fait que nombre de secteurs économiques et sociaux sont toujours à la recherche de compétences dont ils ont besoin. Il a également accusé un certain nombre d'enseignants d'intervenir dans le domaine des BET, estimant qu'ils doivent choisir entre leur métier, qui est à la faculté, ou le travail dans le privé. D'autres intervenants n'ont pas manqué de souligner les limités les insuffisances de la stratégie de formation de 10.000, lancée 2006 du programme gouvernemental de formation de 10.000 ingénieurs et assimilés par an à l'horizon 2010 pour accompagner les grands chantiers ouverts dans le pays et répondre aux besoins potentiels de l'économie nationale et des investissements et pour lequel le gouvernement avait mobilisé tous les moyens pour permettre aux établissements relevant de tous les secteurs de l'enseignement de réaliser ce projet ambitieux Au cours de ce débat, nombre d'ingénieurs membres du forum du PPS ont appelé à insister dans la nouvelle stratégie de la politique de la ville sur la nécessité de ne plus bâtir des villes rien qu'avec des murs et poutres en béton sans espaces verts, sans services sociaux, sans terrains de jeux, sans cinéma et bibliothèques, sans établissements scolaires et hospitaliers, sans marchés et sans lieux, sans issues réservées aux personnes à besoins spécifiques et à ne rien négliger pour les doter de la voierie nécessaire pour en faire de véritables cadres de vie décente où les habitants puissent vivre dans la dignité, la quiétude et la sécurité. A l'issue de cette rencontre, le Forum de l'ingénieur de la modernité et du progrès relevant du PPS a tenu son assemblée, laquelle a été marquée par l'adoption des rapports moral et financier et le renouvellement des structures du Forum. C'est ainsi qu'il a été procédé à l'élection de l'ingénieur Morad El Ghazzali, coordinateur du Forum et de 23 membres du bureau exécutif.