Le Maroc est en train d'opérer une «rupture avec le modèle économique» qui prévalait avant le «Printemps arabe». Car «il ne peut y avoir de compétitivité dans le favoritisme», affirmait le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, à l'ouverture des travaux du colloque régional sur l'environnement des affaires, hier mardi à Casablanca. Au-delà des avancées réalisées par le royaume dans le classement «Doing business» de la Banque mondiale -BM-, beaucoup reste à faire pour parvenir un développement économique équilibré et mieux partagé. Pour Simon Gray, directeur Maghreb à la BM, les politiques –dans le monde arabe- sont confrontés à deux défis : savoir quoi réformer et comment le réformer. Selon le rapport Doing Business 2012, plus de la moitié des 20 pays arabes ont entrepris des réformes. Il n'en demeure pas moins que la réglementation qui régit le commerce et les affaires dans cette partie du monde manque encore de clarté. Sur les 11 indicateurs du climat des affaires dans le monde arabe, les experts de la BM ont relevé notamment la persistance des difficultés d'accès à l'immobilier et au crédit bancaire, et le caractère lent et compliqué du système judiciaire. Il s'agit là, précisent ces mêmes experts, d'un environnement qui complique la vie des entreprises et pénalise leur compétitivité. Dans le cas du Maroc, le témoignage de cet expert de la BM est plus que réconfortant : le Maroc est le pays le plus réformateur dans la région. M. Gray a constaté, entre autres, la suppression du capital minimum pour la création des entreprises et l'adoption prochaine de la loi sur le Conseil de la concurrence. Autre bonne nouvelle, le chef du gouvernement a confirmé, dans son allocution d'inauguration de ce colloque, sa volonté de poursuivre les réformes pour construire un environnement des affaires transparent et conforme aux meilleurs standards mondiaux. «Nous sommes conscients que notre rôle n'est pas de poursuivre l'ancien modèle économique qui a montré ses limites», a-t-il dit, après avoir rappelé que le Printemps arabe était une sorte de « tremblement de terre » qui a eu des impacts limités sur le Maroc. Le Discours royal du 9 mars et l'adoption de la nouvelle constitution ont ouvert une nouvelle voie vers le changement dans le sens d'un approfondissement de la démocratie, a-t-il indiqué. La compétitivité des entreprise oui, mais pas au détriment de l'équité sociale, notait M. Benkirane. Le chef du gouvernement a fait remarquer que la stabilité -atout du Maroc- est le déterminant « le moins coûteux mais le plus long ». La population ne demande pas l'aumône mais attend de tirer partie du fruit de la croissance économique. Sans croissance économique point de développement social. Alors, pourquoi compliquer les procédures et la vie des PME, se demande Abdelilah Benkirane. L'Administration, a-t-il martelé, a le devoir d'assurer la célérité et la transparence. Les habitudes ont la vie dure, mais ce n'est pas une raison de baisser la garde, a-t-il ajouté. Pour M. Benkirane, la «Réforme n'est pas l'œuvre exclusive du gouvernement», c'est un mouvement d'ensemble qui nécessite l'implication des acteurs du secteur privé et de la société civile. On sait que des poches de résistance sont encore là et les réformes que nous entreprenons vont sans aucun doute à l'encontre des intérêts des rentiers, laissait entendre le chef du gouvernement. A noter que ce séminaire regroupait, outre les hauts responsables de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, des représentants venus d'Egypte, Jordanie, Liban et les Emirats Arabes Unis. Cette rencontre d'une journée va permettre aux participants de passer en revue et partager les expériences dans le monde arabe.