Le diabète. Tout le monde connaît le diabète communément appelé chez nous «maladie du sucre» ce qui n'est pas totalement faux. Voilà une maladie qui ne nous est pas étrangère. Nous connaissons dans notre entourage proche ou lointain quelqu'un qui est diabétique, un collègue de travail, un voisin, un parent. Au sein de la population marocaine, le diabète ne cesse d'augmenter d'année en année en raison du vieillissement de notre population, des modifications de nos habitudes de vie, caractérisées par une alimentation riche en calories et une sédentarité qui concerne toutes les tranches d'âges. Selon les chiffres avancés par le ministère de la Santé lors de l'ouverture du 8ème Congrès maghrébin et 34ème Congrès national d'endocrinologie, diabétologie et nutrition, il y a au Maroc 1,5 million de diabétiques, mais selon les spécialistes, il y aurait bien plus de diabétiques et il n'est pas exagéré de dire qu'ils sont au nombre de 3 millions car un grand nombre de diabétiques ne se savent pas atteints. Ce qui caractérise le diabète, c'est sans aucun doute son caractère insidieux. Le retard du diagnostic, est en moyenne de 3 à 5 ans, si bien qu'au moment du diagnostic le médecin constate déjà la présence de complications telles les rétinopathies qui sont des atteintes des yeux qui peuvent conduire à une cécité (perte de la vue). Il y a aussi la néphropathie diabétique qui peut conduire à l'insuffisance rénale chronique dite terminale qui impose une solution de suppléance (dialyse rénale voire greffe rénale), grevant lourdement non seulement la qualité de vie mais aussi le pronostic vital. Autre complication et pas des moindres et dont on parle peu, c'est les lésions au niveau des pieds qui sont très fréquentes chez les diabétiques et qui dans bien des cas entraînent des complications pouvant se terminer par des amputations surtout quand le diabète est mal équilibré. Le pied diabétique En effet, un diabète mal équilibré peut abîmer les grands et petits vaisseaux sanguins, ce qui fragilise les pieds. Surtout, s'il y'a présence d'hypertension artérielle, d'hyperlipidémie et de tabagisme. Le pied diabétique est la 1ère cause non traumatique, de l'amputation des membres inférieurs. 5 à 10% des diabétiques subiront un jour une amputation d'orteil, de pied ou de la jambe. Les amputations chez les jeunes patients sont plus dramatiques, pour le patient lui-même (perte de l'emploi), pour sa famille (perte d'une ressource financière), et pour la société (perte d'une ressource humaine). 50 à 70 % des amputations peuvent être évitées, s'ils sont à temps et bien traités. Le diabétique doit faire un examen podologique au minimum une fois par an, pour rechercher la présence du risque podologique. Complications «Qui veut voyager loin ménage sa monture …» Ce dicton bien de chez nous s'adapte parfaitement aux personnes diabétiques car, leurs pieds étant très fragiles, les malades diabétiques doivent en prendre grand soin. Mais dans bien des cas, les malades arrivent en consultation spécialisée quand le mal est installé et qu'apparaissent les complications du diabète et plus particulièrement celles qui touchent les pieds parmi lesquelles il y a lieu de noter l'artérite et la neuropathie, l'infection, le mal perforant. - L'artérite : C'est l'obstruction des artères qui apportent le sang et l'oxygène aux pieds. Souvent, l'artérite chez le diabétique est indolore. La peau devient fine, fragile, sans poils. Alors que les ongles sont épais et cassants. Mais, on peut sentir des douleurs aux mollets, après une certaine distance de marche, de marche rapide ou lors d'une montée des escaliers. Parfois les pieds sont plus froids que les jambes. La neuropathie : C'est l'atteinte des nerfs des pieds et des jambes. Il y a diminution ou perte de la sensibilité au niveau des pieds; on ne perçoit pas la douleur, la chaleur et le froid. Pour le diabétique, il y a toujours le risque de se blesser sans se rendre compte, de se brûler par l'eau chaude, par la bouillotte, par le sable brûlant ou par le carrelage chaud du bain maure. L'infection : Le diabète diminue les systèmes de défense de l'organisme contre les germes agressifs et pathogènes. Les plaies et autres petits bobos sans gravité pour une personne non diabétique peuvent évoluer de façon sournoise et s'infecter. Même une simple ampoule à l'occasion d'un port de chaussures neuves peut entraîner des dégâts chez le diabétique, le malade ne s'aperçoit de rien du fait de la diminution de la sensibilité et il n'aura une réaction que lorsque du pus apparaîtra dans les chaussettes. Le mal perforant : Les diabétiques sont sujets au mal perforant plantaire, une lésion qui se forme sous le pied à la suite de la fissuration d'un hématome. Ces derniers ont tendance à se développer sous les plaques de kératose au niveau des points d'appui ou de frottement. Ces trous sont redoutables car, indolores, ils font courir le risque d'une infection de l'os, très délicate à soigner et qui peut évoluer vers l'amputation. La mycose interdigitale – ce sont des champignons qui se développent entre les orteils en cas de macération et lorsque le sucre sanguin (glycémie) est élevé. Ils provoquent des inflammations, puis des fissurations ouvrant la porte aux infections. Les mycoses interdigitales, elles-mêmes, entretiennent le déséquilibre du diabète. La prévention du pied diabétique : Comme on le voit, les complications du pied diabétique ne sont pas une mince affaire, c'est même un réel problème de santé qui pèse lourd. Ces ennuis sont surtout fréquents en cas de diabète mal équilibré. Les malades diabétiques ont tout intérêt à bien surveiller leur diabète, à suivre comme il se doit leur traitement, à respecter les conseils du médecin traitant et à prendre soin de leurs pieds et quand on ne peut pas ressentir, il faut regarder. Des gestes simples, mais essentiels Les malades diabétiques plus que toute autre personne se doivent de faire très attention question hygiène. Ils doivent prendre soin de leurs pieds comme de la prunelle de leurs yeux s'ils veulent éviter que n'apparaissent des complications qu'ils peuvent facilement combattre grâce à de bonnes attitudes, une alimentation adaptée, un bon suivi médical et des gestes simples mais essentiels. Laver chaque jour les pieds, avec de l'eau tiède, du savon à PH neutre, bien sécher entre les orteils. Changer fréquemment les chaussettes. Choisir des chaussures confortables (une pointure de plus), il est préférable de les acheter en fin de journée. Ne pas marcher pieds nus. Si vous avez des pieds secs, appliquer une crème hydratante. Ne pas couper les ongles avec des objets blessants et dangereux (lame - couteau). L'équilibre parfait du diabète. La normalisation de la pression artérielle. La normalisation des lipides sanguins L'arrêt obligatoire du tabagisme. Examen podologique : 1 fois par an au moins Il faut savoir que dans notre pays, l'incidence et la prévalence du diabète augmentent d'année en année de façon inquiétante. Cette augmentation est synonyme de complications graves surtout pour la maladie diabétique qui est une affection silencieuse, qui évolue à bas bruit, une maladie invalidante, source d'incapacités. Elle peut entraîner des conséquences graves, voire mortelles lorsqu'elle est mal soignée, les diabétiques doivent bénéficier de tous les éléments susceptibles de les aider à se prendre correctement en charge grâce notamment à de meilleures informations pour les sensibiliser encore mieux à faire face à toutes les situations pour prévenir les complications grâce au traitement et une surveillance régulière. Cette approche demande l'implication de l'équipe soignante, du malade et de sa famille. Au-delà, il faut de la persévérance dans l'effort de persuasion pour amener les malades diabétiques à respecter l'observance des modifications de comportement, l'observance du traitement, il faut pouvoir arriver à ce que le patient accepte d'être l'artisan de cette prévention, ce qui n'est pas une mince affaire surtout qu'un grand nombre de malades diabétiques finissent par réagir négativement à leur maladie. Mais tout l'art de la médecine n'est-il pas précisément dans cette aptitude propre aux médecins à convaincre leurs malades pour les orienter et les entraîner à l'adhésion ?