Le président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME), Driss El Yazami, a appelé à «une gestion pacifique et démocratique de la diversité», soulignant qu'il s'agit de l'un des défis majeurs à relever en rapport avec le phénomène migratoire. «Les sociétés modernes sont, de plus en plus, diversifiées sur les plans culturel et religieux. Les pays d'immigration sont en train de se diversifier et d'accueillir l'altérité. Il faut donc penser à une gestion pacifique et démocratique de l'immigration «, a-t-il dit, mardi soir à Madrid, lors d'une conférence sur le thème: «Crise économique, sociétés plurielles et nouvelles citoyennetés». M. El Yazami, qui a appelé également à « réfléchir sur des règles du vivre ensemble», a relevé que cette gestion pacifique et démocratique ne signifie pas nécessairement que chaque immigré reste renfermé dans son groupe d'origine. L'un des autres défis à relever qui touchent les populations immigrés de manière générale est celui de l'égalité, a poursuivi le président du CCME, expliquant que tous les pays de l'immigration doivent être dotés d'une politique qui assure l'égalité de traitement entre les nationaux et les étrangers, «en appliquant la loi, toute la loi, rien que la loi». Les immigrés «doivent être traités conformément aux textes universels des droits de l'Homme, notamment la convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille qui n'a été ratifiée, jusqu'à présent, que par les pays du Sud seulement et par aucun pays démocratique du Nord récepteur d'immigration», a-t-il précisé. M. El Yazami a déploré, à ce sujet, cette « absence de conformité entre la parole et les actes « dans certains pays, en ce qui concerne la défense des droits de l'Homme en rapport avec la question de l'immigration. Il a mis l'accent également sur la nécessité de dépasser aujourd'hui certaines perceptions archaïques liées au phénomène migratoire et à la mobilité des êtres humains, soulignant que les raisons actuelles de la circulation des individus sont multiples et ne sont pas liées seulement à la recherche du travail. M. El Yazami a plaidé, dans le même contexte, pour une réflexion sur une gouvernance internationale des mobilités humaines, rappelant l'inexistence aujourd'hui d'une organisation de coopération internationale au niveau de la circulation des êtres humains. C'est pour cette raison que l'ex-secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Kofi Annan, avait mis en place un groupe de réflexion sur cette question qui a élaboré un rapport ayant donné lieu à un dialogue de haut niveau à travers des conférences internationales, «mais qui n'avance pas très vite», a précisé M. El Yazami. Le président du CCME a fait observer, par ailleurs, qu'on ne pouvait pas évoquer actuellement la question de l'immigration sans parler de la crise économique, ajoutant que le défi qui se pose à ce niveau «est de penser de manière sereine et structurée» aux moyens de surmonter les problèmes dont soufrent les immigrés dans cette situation, malgré l'usage politique qui est fait de cette question surtout dans cette conjoncture économique. S'agissant de l'immigration marocaine, M. El Yazami a indiqué qu'elle se caractérise actuellement par un vieillissement de la première génération d'immigrés, la féminisation de cette migration et l'émergence d'une jeunesse issue de l'immigration. «Entre 12.000 et 15.000 marocains immigrent chaque année vers l'étranger, avec de plus en plus de personnes bien formées «, a-t-il relevé à ce sujet, ajoutant que les Marocains résidant à l'étranger s'intègrent facilement dans les sociétés d'accueil, mais restent fortement attachés à leur pays. Il a, par ailleurs, souligné que la nouvelle Constitution marocaine a apporté deux « avancées importantes « en rapport avec la question de l'immigration, à savoir la réciprocité en matière électorale et la reconnaissance de la « double appartenance « des Marocains résidant à l'étranger, appelés à être une passerelle entre leur pays d'origine et le pays d'accueil. Cette conférence a été organisée par la Fondation de l'Institut International du Théâtre Méditerranéen (IITM), en collaboration avec le CCME et l'Université Juan Carlos III de Madrid et ce, dans le cadre de la 16ème édition du «estival Madrid Sur».