La rentrée politique et sociale se déroulera en France dans un contexte sociopolitique doublement marqué par le spectre de la crise financière mondiale et les préparatifs étant à pied d'œuvre des campagnes pour l'élection présidentielle 2012. Les analystes économiques et financiers expliquent que la crise des dettes souveraines actuelle se distingue principalement de celle de 2008 par le fait que les gouvernements des pays touchés se trouvent dans une situation poignante de manque de munitions dans le domaine politique. « Ils n'ont plus de moyens monétaires.» Dans une récente déclaration à l'hebdomadaire française «Marianne», directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques estime qu'un certain nombre des pays appartenant à la zone euro sont confrontés à un phénomène de tarissement des entrées fiscales, au point qu'ils ne peuvent même plus, selon lui, «empêcher leur propre système financier de s'écrouler.» Et la principale différence avec 2008, est le fait qu'ils «n'ont plus rien dans leur musette». C'est pourquoi la situation est plus «inquiétante qu'il y a un, deux ou trois ans», a-t-il averti. Que font alors les pays les plus développés de la planète et générateurs, par excellence, des crises contagieuses à l'échelle mondiale ? Concrètement parlant, pas beaucoup de choses. Si ce n'est bien entendu que des communiqués élaborés pour la circonstance, dans lesquels on agite, comme à l'accoutumée, l'étendard de la nécessité impérative de fixer des garde-fous indépassables et inviolable, destinés à renforcer le contrôle du fonctionnement des banques et des marchés financiers contre les spéculations prédatrices provoquant l'effondrement des cours des bourses, accéléré par les nouveaux outils de communication. Cette tergiversation occidentale de réglementer le système financier international, devenue de facto une attitude récurrente destinée à calmer momentanément la tempête provoquée par les gourous de la spéculation, suscite une double interrogation qui consiste à savoir si s'agit-il d'un manque quelque part d'une vraie volonté chez les pays les plus industrialisés à ramener les lobbies spéculatifs de Wall Street à opérer sous le contrôle strict des autorités financières et monétaires ? Ou bien s'agit-il d'un système parvenant à la fin de son cycle de vie en sécrétant des crises en permanence le conduisant au fur et à mesure à une décadence imminente ? La crise de la bulle immobilière de 2008 et celle provoquée par les dettes publiques en début 2011 ont déclenché des débats animés par la haute sphère des experts et théoriciens du capitalisme, autour de la problématique de savoir si le capitalisme tel qu'il est aujourd'hui, est-il encore susceptible d'être réformé, ou faudrait-il chercher une alternative à un système atteint d'une artériosclérose ? En tout cas, quelle que soit les réponses apportées à ces questions, cela n'empêche de dire qu'on est dans un système financier où il suffit en effet de faire circuler un canular ou une simple rumeur pour qu'enfin déclencher un comportement moutonnier sur les écrans et les tableaux des places boursières. Et c'est ce que les marchés financiers ont exactement vécu depuis l'annonce de la dégradation par l'agence de notation Standard & Poor's, le 5 août, de la note de la dette publique américaine, à la suite de révélation officielle du niveau d'endettement des Etats-Unis, estimé à 14300 milliards?de dollars. Ce déclassement de la note «AAA» a immédiatement provoqué un effet domino sur les plus grandes places boursières au monde. Cela prouve concrètement que c'est vrai quand la bourse new-yorkaise, Symbole et baromètre du capitalisme financier mondial, éternue, les autres places occidentales s'enrhument. Et à ce moment là, les détenteurs des fonds spéculatifs (hedge funds) mettent le feu aux places boursières, en s'attaquant aux titres ayant décroché en prévision de difficultés de paiement des Etats surendettés. Panique et volatilité des marchés poussent ainsi les banques détentrices de ces titres à procéder aux ventes à découvert. Cette pratique ne fait en fait que renforcer et rentabiliser l'activité spéculative. C'est ce qui est arrivé en effet dans la zone euro où les banques européennes, notamment les établissements français, sont beaucoup plus impliquées dans les dettes souveraines grecque, espagnole, irlandaise, italienne et portugaise. Les engagements de ces établissements s‘élèvent à 645 milliards de dollars, dont une bonne parie de ces montants colossaux sont investis en bons du Trésor. C'est dans ce contexte macro-économique, plombé par la crise financière de la zone euro et la menace de récession économique, que les partis politiques français calent leurs programmes électoraux et se lancent dans les pré-campagnes pour la présidentielle 2012, dans un environnement social perturbé par la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages, le chômage en rythme galopant, frappant plus particulièrement les jeunes diplômés. La France traverse une conjoncture de stagnation de croissance ramenée, selon une source officielle, de 2 % à 1,75 % pour 2011, et de 2,25 à 1,75 % pour 2012. Une stagnation ponctuée par une accumulation de dettes s'élevant à 1650 milliards d'euros, et un chômage dépassant la barre de plus de 2,7 millions demandeurs d'emploi, selon une source autorisée. Pour remettre la France sur les rails d'une croissance économique permettant à l'Hexagone de tenir ses engagements de maîtrise de la trajectoire de la dette, mettre fin aux attaques des spéculateurs et conserver sa notation (AAA), gage de crédibilité financière de la France, le gouvernement de François Fillon vient d'élaborer «un plan de rigueur», comportant une batterie de mesures destinées à réduire le déficit publique et drainer de nouvelles recettes fiscales qui se chiffrent à 1 milliard d'euros d'économies supplémentaires dans les caisses de l'Etat en 2011, et 11milliards d'euros en 2012. Il prévoit également la réduction des rémunérations des ministres, des députés, parc automobile, gel des dépenses de l'Etat, taxation des hauts salaires, niches fiscales, résidences secondaires et quelques produits de consommation (tabac, alcool, boissons gazeuses…). Bref, tout le monde doit mettre la dans la poche. «Ces mesures sauvegardent tous les dispositifs en faveur de la croissance, de l'emploi et du pouvoir d'achat», estime un haut responsable aux instances décisionnelles du parti UMP. Ce plan de désendettement, «sans casser le moteur de croissance», est émaillé de la proposition du président Sarkozy d'un débat sur «la règle d'or?»destinée à encadrer pour plusieurs années les dépenses de l'Etat. Le plan de rigueur a fait l'objet d'une cascade de critiques par les partis de gauche, en premier chef le parti socialiste, le qualifiant de «plan d'austérité antisocial, électoraliste et cosmétique», calqué sur ceux qui étaient instaurés par les gouvernements grec, italien et espagnol, touchés par la crise financière de plein fouet. «Nous n'avons pas besoin de mettre des règles d'or dans notre constitution, pour dire enfin que nous sommes sérieux», a réagi à chaud, Martine Aubry, première secrétaire du parti socialiste, précisant que la France n'a pas besoin de préserver la note triple A (AAA+), mais a besoin d'un «triple A pour le social, la santé publique, l'éducation et l'emploi». Aux yeux des socialistes, ce plan de rigueur demeure loin d'être à la mesure des problèmes des français, tant qu'il n'a pas été décidé «une vraie suppression des niches fiscales», évaluées à 10 milliards d'euros, et un recentrage des?dépenses sur «quatre postes clés : l'emploi, l'éducation, le pouvoir d'achat et la sécurité». Le parti socialiste a donc d'autre modèle de relance de la croissance et la réduction du déficit publique. Les axes de ce modèle de développement et de changement de mode de gouvernance seront déclinés après la primaire (élections internes), prévue le 9 et le 16 octobre 2011, ouverte à toutes et à tous les citoyens inscrits sur les listes électorales, pour désigner le candidat commun de gauche. D'autres candidats de gauche proposent un retour au protectionnisme sous forme de hausse des droits de douane aux frontières européennes, estimant que la mondialisation n'a fait jusqu'à présent que souffrir les peuples et surenrichir les détenteurs des fonds de spéculation. Tous les signes précurseurs convergent à dire enfin que la France, vivrait, si l'on ose dire, dans une ambiance très imprégnée du déficit public, du chômage, de la dégradation du pouvoir d'achat et de la pauvreté. Ces problèmes résultant de la conjugaison d'un ensemble de facteurs endogènes et exogènes constituent les enjeux centraux des programmes électoralistes calés par les partis de gauche comme de droite, pour gagner la présidentielle de 2012. Bien entendu, tous les moyens sont bons pour discréditer l'adversaire ! Les centrales syndicales ne sont pas en reste. Ils se préparent à organiser des journées d'action contre le plan de rigueur annoncé par le premier ministre M. François Fillon, jugé impopulaire les centrales les plus représentatives.