Le PPS a dit jeudi à Rabat à l'occasion de ses premières portes ouvertes de l'après- premier juillet, «ce que de récents événements tels que la démission du maire d'Agadir établissent clairement : que la responsabilité de la construction de la démocratie est l'affaire de tous et qu'il faut que les démocrates offrent front uni pour contrecarrer les projets réactionnaires des forces rétrogrades». A partir de ce constat que l'adoption d'une constitution n'est qu'une entrée en démocratie et qu'il importe de veiller à l'application du nouveau texte pour s'y tailler une place, le débat libre a été vivement encouragé. Moulay Ismail Alaoui, Président du Conseil de la Présidence du Parti le dira avec son habituel art du raccourci : bien que la Constitution danoise institue une monarchie à forts penchants absolutistes, le Danemark est l'une des démocraties les plus réputées dans le monde. Ce ne sont donc pas les textes qui importent, mais l'usage qu'on en fait. Et là, avouera l'orateur, la tâche est immense. Il faut non seulement combler les déficits historiques, mais encore faire face aux nouvelles menées réactionnaires qui s'essaient à empêcher le Maroc de progresser. En sorte qu'il faille tout changer pour que rien ne change, a déclaré Ismail Alaoui en reprenant à son compte une phrase célèbre. Tout changer, c'est tout autant lutter contre la misère et l'ignorance, que partir en guerre contre l'atomisation de l'offre politique, que pourfendre les divisions au sein des démocrates…c'est donc appeler à faire cause commune d'un projet historique pour lequel ont milité des générations d'hommes et de femmes martyrs et dont les sacrifices passés nous somment d'être aujourd'hui à la hauteur de l'immense responsabilité d'éradiquer le sous développement sous toutes ses formes. Pour Mohamed Grine, membre du Conseil de la Présidence du PPS et associatif de premier plan, l'objectif de ces premières portes ouvertes du Parti ne procède pas- comme on serait tenté de le penser- de sentiments égoïstes comme celui de tenter de grossir ses rangs en enrôlant parmi les « apolitiques », mais de favoriser l'échange des idées et le débat sur des sujets déterminants pour l'avenir de la Nation. La formation politique doit savoir céder la préséance à l'intérêt général, a-t-il laissé entendre. D'autant plus, a-t-il ajouté, qu'au vu de certains agissements, le temps presse pour mettre en pratique les dispositions constitutionnelles relatives au Parlement, à la régionalisation, à l'équilibre des pouvoirs, à l'autonomie de la justice… En somme, a-t-il dit, pour tout changer à ce que 40 ans de déconsidération des partis et de l'action politique a entraîné comme retards sur tous les plans. Social, avec l'extension de la précarité et de la misère ; politique avec le recul des libertés et des droits ; économique avec la consécration du système de rente et éducatif, avec la formation de jeunes mal outillés pour trouver emploi. Aussi, a déclaré Grine, ce que nous souhaitons en organisant ces portes-ouvertes, c'e n'est pas tant l'émergence d'un esprit partisan que celle d'une intelligence collective, capable de conduire le changement dans le bon sens. Bien qu'ils aient convenu de la nécessité de faire cause commune pour servir le progrès et la démocratie, les échanges engagés au cours de ces portes ouvertes ont révélé que «l'acculturation politique est plus prononcée qu'elle n'y parait et qu'outre les moins de 25 ans, elle touche également les quadras». Certains d'entre eux ont en effet affirmé que si les jeunes boudent la politique, c'est parce que leurs attentes ne confinent pas à la démocratie ou à l'exercice du pouvoir, mais touchent à des préoccupations existentielles telles que le respect et la dignité, ou plus matérielles, tels que l'emploi, le niveau de vie… Qu'en tout cas ces préoccupations ne concernent pas l'exercice du pouvoir et qu'au demeurant, elles ne trouvent pas écho dans les programmes des rares partis qui en possèdent parmi une foison de formations identiques à confusion. Si donc à l'ère de l'internet les partis sont dépassés, quel rôle sont-ils en droit d'espérer dans le nouveau jeu politique ? Se sont demandés des intervenants avant de convenir au détour du raisonnement suivant que les formations politiques sont nécessaires à l'exercice de la démocratie. Cependant, ces débats ont été utiles en ce qu'ils ont permis de constater que la communication entre les jeunes et les partis n'est pas efficiente et que ces derniers se doivent d'ouvrir plus largement les portes devant ces générations montantes «qui n'ont peut être pas appris à apprendre», mais simplement à visionner. En commentant la soirée, un vieux militant a rappelé ce bon mot du secrétaire général du PPS qui un jour qu'il a avait été apostrophé par un jeune sur le programme du parti avait embarrassé son contradicteur en lui retournant cette simple question : «Soit, mais avez-vous lu ce programme ?» En restant sans voix, le jeune avait montré qu'il parlait de choses qu'il n'avait pas pris la peine de vérifier.