Le parquet de Paris a requis, jeudi, la mise en examen de l'ex-directeur général du cimentier Lafarge, Eric Olsen, pour « complicité de crimes contre l'humanité », après avoir été accusé d'avoir financé des groupes jihadistes dont l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie, a-t-on indiqué de source judiciaire. Le parquet a requis cette mise en examen dans le cadre de l'enquête sur la cimenterie de Jalabiya, au nord de la Syrie, a-t-on précisé. La requête du parquet à l'encontre de Lafarge SA, holding, actionnaire majoritaire de la filiale syrienne Lafarge Cement Syria mise en cause, a été introduite également pour « financement d'une entreprise terroriste » et « mise en danger de la vie » des anciens salariés de l'usine de Jalabiya. L'enquête, menée depuis juin dernier par trois juges d'instruction, s'attachaient à déterminer si le géant du ciment a indirectement financé certains groupes, notamment l'EI, pour continuer à faire fonctionner la cimenterie en question en 2013 et 2014 malgré le conflit en Syrie. Les enquêteurs cherchaient aussi à savoir si des responsables du groupe en France avaient pu avoir connaissance d'un tel accord et du danger qu'ils ont pu faire courir aux employés syriens sur place. L'affaire avait été révélée en juin 2016 par une enquête du journal Le Monde qui avait mis en lumière de « troubles arrangements » entre Lafarge Ciment Syrie (LCS), branche syrienne du groupe, et l'organisation EI alors que ce groupe terroriste gagnait du terrain et devenait incontournable dans la région. Deux mois plus tard, le ministère français de l'Economie avait déposé plainte, déclenchant l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris, confiée au Service national de douane judiciaire (SNDJ). Le groupe Lafarge, absorbé en 2015 par le Suisse Holcim pour former le géant du ciment LafargeHolcim, a maintenu en 2013-2014 ses activités en Syrie dans une zone de conflit, tenue notamment par l'EI. Une enquête interne a confirmé que de l'argent avait été versé à des groupes armés. La filiale syrienne de Lafarge LCS est aussi soupçonnée d'avoir utilisé des matières premières venant de territoires contrôlés par Daech, notamment du pétrole. LafargeHolcim a fait savoir jeudi qu'il fera appel devant la justice, après l'annonce de la mise en examen de sa filiale française Lafarge SA en France.