Les assises maroco-françaises auront lieu la semaine prochaine à Agadir. L'événement est d'une actualité avérée. En cette période préélectorale, l'échange d'expériences dans le domaine de gestion de la chose locale ne peut être que bénéfique et hautement recommandé. Les 19 et 20 de ce mois à Agadir se tiendront donc les assises de la coopération décentralisée maroco-françaises. Un rendez-vous d'une grande importance puisqu'il s'appuie sur de multiples partenariats scellés entre les deux parties et qu'il a pour ambition de définir les nouveaux rôles des responsables locaux face aux défis du développement homogène. Ainsi, ces assises réuniront plusieurs centaines d'élus de part et d'autre, notamment des conseillers régionaux et généraux, des maires et autres responsables locaux. La manifestation est coordonnée par l'Association nationale des collectivités locales (ANCLM), Cités unies France (CUF) et l'Association des régions de France (ARF). En amont, il est lieu de rappeler que la convention de partenariat stratégique signée en juillet 2003 entre les gouvernements français et marocains a consacré les collectivités territoriales comme des partenaires à part entière de la relation bilatérale. Mais bien avant cela et au début des années 1990, les partenariats entre les collectivités locales marocaines et françaises ont été initiés. Ils vont connaître une première impulsion lors des assises de Fès en 2001, puis se structurent sur le plan technique lors de la mise en place du Projet d'accompagnement à la décentralisation (PAD Maroc) en 2004. Conduit par les deux pays depuis 2005, le PAD intègre la coopération décentralisée dans la mise en œuvre de ses objectifs et favorise les actions de partage d'expériences et d'appui institutionnel déjà entreprises dans le cadre de nombreux partenariats. Il fait, également, du renforcement de capacités des collectivités locales marocaines dans la mise en œuvre des compétences qui leur sont dévolues l'objectif principal de la coopération décentralisée.Huit ans après les assises de Fès, celles d'Agadir seront l'occasion de faire le bilan et prospecter d'autres formes de partenariats qui prennent en considération les impératifs du moment. Des tables rondes sont, également, prévues et concerneront, outre la coopération décentralisée, des sujets comme le PAD et les collectivités dans le partenariat Union pour la Méditerranée (UPM). Selon Jean-Paul Bachy, président de la région Champagne-Ardenne et co-président des prochaines assises, «les échanges d'expériences, les transferts de savoir-faire, la recherche en commun d'outils et/ou de financements, l'essor des relations commerciales sont autant de leviers permettant à la coopération franco-marocaine de s'enraciner dans la réalité des territoires». Cette ouverture des communes non seulement au niveau national, mais aussi mondial, donne à leur action une connotation plus large et un vrai rayonnement. Elle offre des perspectives de formation pour les jeunes, facilite la création d'emplois par le développement de l'export et l'instauration de partenariats technologiques plus nombreux. Le Maroc offre, à cet égard, d'innombrables opportunités, indique le responsable. Pour sa part, Tarik Kabbaj, président de la commune urbaine d'Agadir et co-président de l'événement, souligne qu'indépendamment des systèmes politiques des différents pays, la gestion décentralisée gagne de plus en plus de terrain et s'impose grâce à la pertinence et à l'adéquation des réponses qu'elle apporte aux différentes expressions de besoins des populations (aménagements urbains, déplacements et transport, environnement et eau potable, gestion des déchets solides et liquides, etc.). Il faut dire que l'échange d'expertise est aujourd'hui plus que jamais crucial pour avoir des élus à la carrure de gestionnaires bien au fait des besoins spécifiques de leurs régions. Aujourd'hui, l'Etat ne badine plus avec les véreux qui font des communes un fonds de commerce juteux et se croient au-dessus de la Justice. Les récentes interpellations ont, effectivement, donné le ton. Il va, donc, sans dire que le territoire apparaît comme une entité active qui puise son potentiel du développement et valorisation de ses ressources locales, entendues au sens large, c'est-à-dire avec ses activités, ses réseaux…On assistera, à terme, à une certaine polycentralité des formes de régulation, qui s'étendra forcément au social, au culturel et de toute évidence à l'économique. Dès lors, l'Etat et ses structures politico-administratives connaîtront une double évolution : la décentration des pouvoirs au profit d'autres niveaux et une recomposition des espaces d'exercice du pouvoir.