Les administrations ont été paralysées, hier, par un mouvement de grève auquel ont appelé les principales centrales syndicales. Tous les services ont été sérieusement touchés par le débrayage. Selon Mohamed Hakech, secrétaire général djoint de l'Union syndicale des fonctionnaires (USF-UMT), le mouvement a été suivi en moyenne par près de 80% des fonctionnaires et agents de la fonction publique et des collectivités locales. « Certes, les chiffres diffèrent d'une ville à l'autre et d'une région à l'autre, mais nous ne nous attendions pas à ce que cette grève ait une telle ampleur », a-t-il ajouté. A Casablanca, par exemple, il était impossible hier d'établir un acte de naissance, de légaliser une signature ou tout simplement de faire une copie certifiée conforme. Seuls les services d'urgence étaient opérationnels. Des veilles ont, en effet, été installées dans les arrondissements urbains. Au niveau d'Agadir et de ses communes urbaines, le taux de participation, communiqué par un représentant de l'autorité locale, était estimé en fin de matinée à 46,17%. Ainsi, sur un effectif de 6.337 employés dans la fonction publique dans cette préfecture, 2.926 personnes étaient en grève. Le mouvement a, par contre, été suivi à 100% à la commune urbaine d'Agadir quoiqu'aucun gréviste n'a été enregistré au niveau des institutions du ministère de l'Intérieur dans la ville. A Rabat, toutes les administrations ont été pratiquement désertées par leurs fonctionnaires et employés. Seuls étaient présents les responsable, chefs de divisions et leurs secrétaires. Dans les sièges des communes, il n'y a avait pas âme qui vive. C'est le même cas à Tanger, Tétouan, Oujda, Marrakech, El Jadida, Settat, Méknès, Kénitra, Témara, Khouribga ou encore Béni Mellal et Khénifra. Seule la ville de Fès sortait du lot. Pratiquement tous les secteurs publics ont été affectés par le mouvement de grève. De l'administration des eaux et forêts à celle des postes ou de l'agriculture. Sans oublier les départements de la santé et de l'enseignement. C'est le même cas dans toutes les communes, urbaines ou rurales,où l'ensemble des employés et agents ont observé la grève. Les syndicats ne s'attendaient certainement pas à un tel succès d'autant plus que l'une des principales centrales, l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM) s'était désolidarisée du mouvement dès lundi en début de soirée. Solidarité partisane oblige, la centrale avait appelé ses adhérents à ne pas observer le mouvement de grève auquel elle avait elle-même appelé quelques jours auparavant. « Avec ou sans l'UGTM, les fonctionnaires et employés se devaient de manifester leur ras-le-bol. Maintenant, c'est fait. Mais que l'on ne s'y trompe pas : ce n'est que le début de notre action qui va se poursuivre jusqu'à ce que nous ayons gain de cause », a déclaré à L'Economiste Mohamed Hakech. A commencer par un sit-in national le 26 février devant le siège du ministère de l'Emploi. L'USFP a, en outre, appelé dans un communiqué à « l'édification d'une administration forte qui répond aux revendications légitimes des fonctionnaires et aux besoins des citoyens avec sérieux et efficience ». Côté gouvernement, on a déploré par la bouche de Mohamed Abbou, ministre délégué chargé de la Modernisation des secteurs publics, le mouvement de grève. Réagissant aux débrayages d'hier, il a fait remarquer, dans une déclaration à la presse, qu'il « est temps d'élaborer une loi organisant la grève au Maroc ». Une phrase qui risque de ne pas trop plaire aux syndicats. Fès, en dehors Dans la ville de Fès, administrations, fonction publique et autres collectivités locales ont travaillé normalement hier. Le mouvement de grève n'a pas été suivi. Et pour cause. La ville est gérée par un conseil istiqlalien et le syndicat du parti, l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM) a annoncé dès lundi, en début de soirée, qu'elle allait surseoir à tout mouvement de grève pour donner du temps à l'Exécutif de préparer ses réponses aux doléances des syndicats. Cela doit, en principe, intervenir en mars prochain.