Les nationalistes du parti de l'Istiqlal (membre de la coalition au pouvoir) ont créé la surprise au Maroc en devançant les islamistes modérés du Parti de la justice et du développement (PJD, opposition) lors d'élections législatives marquées par une abstention record, selon les résultats annoncés samedi soir par le ministre de l'Intérieur. (Publicité) a href="http://home.edt02.net/emc/banner/mstbc.php?c=42380-153025-92361-92-287858" target=_blankimg src="http://home.edt02.net/emc/banner/mstbo.php?c=42380-153025-92361-92-287858&edt_rnd=4957055496" width="300" height="250" border="0"/a Lors du scrutin qui s'est déroulé vendredi, l'Istiqlal a remporté 52 des 325 sièges de la Chambre des représentants (chambre basse du Parlement), alors que le PJD devait se contenter de 47 sièges, selon les chiffres encore provisoires rendus publics par le ministre Mohamed Benaïssa. Deux partis centristes, le Mouvement populaire et le Rassemblement national des indépendants (RNI), sont arrivés en troisième et quatrième positions avec respectivement 43 et 38 sièges. Quant à l'Union socialiste des Forces populaires (USFP, centre-gauche, membre de la coalition gouvernementale sortante avec l'Istiqlal), elle apparaissait comme la grande perdante de ces élections puisqu'elle rétrogradait à la cinquième place, avec 36 sièges, alors qu'elle avait fini en tête des précédentes élections de 2002. Autre perdante de ces élections: la participation électorale, dont le taux atteignait péniblement les 37% (contre 52% en 2002), soit le niveau le plus bas jamais enregistré lors d'élections législatives au Maroc. Les islamistes modérés du PJD, qui partaient favoris de ce scrutin, ont d'ailleurs imputé leurs résultats moins bons que prévu à cette abstention record, tout en accusant les partis séculiers d'avoir utilisé la corruption pour leur barrer la route. Avant le scrutin, le PJD avait bon espoir de doubler son nombre de sièges qui s'élevait à 42 dans l'assemblée sortante. Au lieu de quoi, les islamistes modérés n'ont progressé que de cinq sièges. Lahcen Daoudi, No2 du PJD, n'a pas caché sa déception devant la presse au siège de son parti à Rabat. "Le PJD a gagné, mais le Maroc a perdu", a-t-il déclaré en dénonçant l'argent qui aurait coulé à flots dans le système électoral. "Ils ont jeté l'argent partout." Le ministre de l'Intérieur Mohamed Benaïssa a pour sa part affirmé que le vote s'était déroulé dans des conditions "transparentes" et "claires". Pour ce second scrutin depuis l'accession au trône de Mohammed VI en 1999, plus de 15 millions de Marocains étaient appelés aux urnes pour renouveler les 325 membres de la Chambre des représentants, dont 30 sont obligatoirement des femmes. Si le chômage, la corruption et la pauvreté ont été les principales préoccupations des électeurs, le scrutin a suscité des questions sur la place de la religion. Car le Maroc, considéré comme modéré, a lui aussi enfanté des terroristes, comme les auteurs des attentats de Madrid en 2004 et des attaques à Casablanca en 2003 et cette année. Le PJD a pris ses distances avec les islamistes radicaux, se présentant comme un recours contre l'extrémisme. Son secrétaire général, Saad Eddine Othmani, a répété que son parti avait voté en faveur des récentes lois libéralisant la société marocaine, comme le nouveau Code de la famille de 2004 qui améliore le statut des femmes. Détenteur de l'autorité suprême, le roi Mohammed VI a jusqu'au 12 octobre pour nommer la personnalité qu'il jugera la plus à même pour diriger le gouvernement, au vu des résultats. Le Premier ministre désigné devra ensuite former son cabinet.