Emerging Morocco 2006 ou l'émergence du Maroc nouveau, tel est l'intitulé du rapport réalisé par Oxford Business Group (Cabinet international d'intelligence économique). Un rapport, de 200 pages, bien ficelé puisqu'il traite tant des réformes amorcées au Royaume que des avancées réalisées du pays dans un contexte environnemental concurrentiel. Les premières conclusions dudit rapport sont positives, sachant que l'organisme qui l'a rédigé ne fait ni dans la dentelle ni dans la complaisance. Tout est donc passé au crible par six analystes internationaux ayant investigué les secteurs marocains. La rédaction du rapport a nécessité plus d'une centaine d'entretiens avec des acteurs du gouvernement, des autorités de régulation et des secteurs tant publics que privés. Ainsi, la conjoncture n'est pas si morose comme le prétendent certains et les perspectives sont prometteuses pour plusieurs pans de l'économie nationale. Pour preuve, sur le plan macroéconomique, le Maroc est parvenu à absorber plusieurs chocs : la hausse du brut, la sécheresse, les départs volontaires. Ainsi, en adoptant la nécessaire démarche pragmatique, les autorités ont pu faire face aux aléas de cette conjoncture combien difficile. Cette résilience nouvelle de l'économie s'explique par plusieurs facteurs. L'une des raisons serait le fait que les autorités sont arrivées à déconnecter la croissance non agricole de l'évolution du PIB agricole. Car malgré la sécheresse qui a sévi en 2005, la croissance du PIB non agricole s'est maintenue au-dessus de 4% l'an dernier. Pour l'exercice en cours, elle devrait avoisiner les 5% selon les prévisions établies tandis que la bonne récolte de cette année est annonciatrice d'un meilleur score. La croissance pourrait atteindre les 7%. C'est d'ailleurs cette résilience du PIB non agricole, notent les analystes d'Oxford Business Group, qui a permis d'équilibrer le budget de 2005 et ce, grâce à des rentrées fiscales supérieures aux prévisions. Ces analystes conviennent que plusieurs pans de l'économie échappent encore au fisc. Ce qui tend à augmenter la charge fiscale pesant ainsi sur les leaders de la place. Il est donc attendu que la réforme en cours puisse changer la donne. Volet financier, on a assisté à la création de champions nationaux tels les exemples de Attijariwafa bank et RMA Watanya. Ce qui ne fait que renforcer la compétitivité et partant, l'attractivité du pays sur la scène internationale. L'objectif recherché n'est autre que celui de se positionner en tant que leader sur le plan régional. D'ailleurs, cette attractivité s'est traduite par un afflux sans précédent des capitaux étrangers. Cette nouvelle dynamique s'est également étendue sur le secteur de la micro-finance. Sur le plan de l'industrie et des services, le plan Emergence est en train de se concrétiser, notent les analystes du cabinet international, avec une croissance rapide du secteur de l'offshoring. Ce dernier devrait encore s'accélérer avec le développement des zones dédiées, en premier, à la capitale économique, en l'occurrence Casablanca, puis à Rabat et s'étendre sur d'autres villes à long terme. Mais, les autorités compétentes ont identifié bon nombre de filières industrielles comme futurs « métiers mondiaux du Maroc », il n'en demeure pas moins que les industries automobiles et aéronautiques offrent des perspectives indéniables. Néanmoins, leur développement est mis en équation puisqu'il dépend de plusieurs facteurs qui présentent des handicaps surmontables : le coût de la logistique et les coûts du transport jugés élevés. Une autre des conditions et non des moindres pour la réussite du plan Emergence : celle qui concerne le renforcement de la formation des ressources humaines, un aspect pris en compte par les pouvoirs publics avec la création d'entités spécialisées et l'octroi d'aides à la formation. Il est clair que la réussite de cette politique est impérative du moment qu'elle évitera une pénurie de ressources humaines et une inflation salariale. Sur le plan commercial, la signature d'accords de libre-échange avec plusieurs nations devrait positionner le Maroc en tant que plate-forme de production et d'exportation. Ce qui se traduit par une nouvelle mobilisation de capitaux privés étrangers. Certes, on reconnaît que des obstacles surgiront lors de l'application de ces accords. Il tient donc aux autorités de s'en assurer la bonne mise en œuvre. Le renouveau du Royaume est également caractérisé par le développement des secteurs touristique et immobilier. Un développement qui n'a égal que le dynamisme accéléré synonyme des défis à relever. Si les analystes pointent du doigt l'éducation et la justice, ils émettent le souhait que les opérateurs, en le domaine des télécoms, développent des offres suffisamment attractives pour relancer la progression du fixe. On peut craindre que la faible pénétration du fixe et la structure du marché dominée par les taxiphones ne limitent, de façon significative, l'impact économique de l'ouverture à la concurrence et de l'introduction de nouveaux services à valeur ajoutée. Le lancement à venir de la troisième génération de communications mobiles constituera, sans nul doute, un test intéressant quant à la maturité du marché national. Le volet politique n'est pas en reste dans le rapport d' Oxford Business Group. Enfin, les défis sont nombreux à relever, les avancées réalisées semblent légitimer le Maroc dans sa démarche plurielle visant à assurer une intégration réussie dans l'économie mondiale.