C'est une étape décisive qui vient d'être franchie, ce week-end, dans le règlement de la crise posée par le programme nucléaire nord-coréen. Samedi, en présence d'inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) - lesquels sont de retour en Corée du Nord après y avoir été expulsés en 2002 -, la Corée du Nord a mis fin aux activités de son complexe nucléaire de Yongbyon. Situé dans le nord du pays, il est le plus important réacteur nord-coréen, capable d'enrichir du plutonium. Hier, les experts de l'AIEA poursuivaient sur place leur travail de vérification et la pose des scellés sur le site. «Désactiver». Inespéré, l'arrêt de ce réacteur s'est produit samedi soir, juste après l'arrivée en Corée du Nord d'un pétrolier qui a délivré au «royaume ermite» une volumineuse cargaison de fioul. Il s'agit de la première étape d'un accord conclu le 13 février dernier à Pékin, lors des derniers «pourparlers à Six» entre les deux Corées, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie. En vertu de cet accord, la Corée du Nord s'était engagée, «dès réception du pétrole», à «désactiver complètement» ses programmes nucléaires. Ce week-end, une fois n'est pas coutume, Kim Jong-il a tenu ses promesses. «Nous avons fermé les installations nucléaires de Yongbyon et permis à des employés de l'AIEA, le 14 juillet, de vérifier [leur] arrêt après l'arrivée d'une première livraison de fioul», a confirmé dimanche, à Pyongyang, l'agence KCNA, citant le ministère nord-coréen des Affaires étrangères. La fermeture de ce réacteur constitue un revirement de la politique de confrontation habituelle du régime stalinien. Ce week-end, les dix inspecteurs de l'AIEA venus superviser la fermeture du réacteur de Yongbyon n'auraient affronté aucune entrave dans leur difficile mission. La Corée du Sud a jugé l'arrêt du réacteur de Yongbyon «encourageant». Prudents, les Etats-Unis «saluent cette initiative», mais «attendent la vérification et la surveillance de cette fermeture par l'équipe de l'AIEA» et appellent Pyongyang «à respecter ses engagements». Le Japon, de son côté, s'est félicité de la nouvelle, mais invite à la prudence car il s'agit d' «une première étape». Déblocage. Outre l'offre d'énergie, la Corée du Sud a repris début juillet ses livraisons de riz chez son voisin du nord. 3 000 tonnes ont été livrées il y a dix jours. 400 000 tonnes devraient être expédiées au cours des prochains mois. La Corée du Nord avait également conditionné la fermeture du site de Yongbyon à la levée des sanctions financières qui lui étaient imposées. Le 14 juin, le déblocage, promis de longue date par Washington, de 20 millions de dollars (14,5 millions d'euros) nord-coréens confinés depuis 2005 sur le compte d'une banque chinoise de Macao (la Banco Delta Asia), a ouvert de nouvelles perspectives dans les négociations. Comme l'assure toutefois le négociateur sud-coréen pour la Corée du Nord, Chun Yung-woo, «la dénucléarisation [de la Corée du Nord] est une opération bien plus complexe que [ce] transfert». Un sentiment que partage le négociateur américain Christopher Hill, lequel, de passage au Japon ce week-end, a précisé que la négociation avec Pyongyang n'en était qu'à ses débuts. Christopher Hill a expliqué à la presse japonaise qu'il était maintenant en attente d'une «liste complète» de toutes les installations nucléaires nord-coréennes, que devait lui communiquer Pyongyang «d'ici plusieurs semaines, voire quelques mois». Le négociateur américain participera mercredi à Pékin aux nouveaux pourparlers à Six. Objectif : avancer un peu plus encore dans la stratégie du donnant-donnant.