La distribution de l'aide internationale aux rescapés du séisme qui a fait plus de 5 000 morts samedi en Indonésie s'est accélérée, même si de nombreuses victimes se plaignent de ne rien recevoir. Des avions transportant du matériel et des experts étrangers, notamment du personnel médical japonais et un petit contingent de marines américains, sont arrivés dans la région la plus durement touchée, dans le sud de l'île de Java, afin de soulager les employés du gouvernement indonésien. Ces appareils ont atterri sur l'aéroport de Yogyakarta, rouvert au trafic commercial malgré les importants dégâts infligés par le séisme. Le bilan du tremblement de terre a été porté mardi à 5.428 morts par les autorités et une estimation fait état de plus de 130.000 sans-abris. D'après l'Onu, plus de 22 pays ont répondu à l'appel à la communauté internationale lancé par l'Indonésie. Beaucoup de rescapés se plaignent toutefois de ne pas recevoir cette aide. Le long de la route traversant une zone rurale menant à la ville de Bantul, particulièrement touchée par le séisme, Jumadi et ses deux fils quémandent de l'argent aux automobilistes. "Notre village compte de nombreuses victimes, toutes les maisons sont détruites et nous n'avons reçu aucune aide du gouvernement. C'est la (seule) chose qu'il nous reste à faire. Que pouvons-nous faire?", interroge ce rescapé. Réfugié dans une tente en toile montée le long d'une route aux abords de Yogyakarta, Siwo Sudarmo se plaint : "Je suis très triste (...) Nous n'avons reçu aucune aide. On doit fabriquer nos propres tentes et j'ai également appris que si vous voulez obtenir une tente, il faut la réclamer officiellement. "Tous les jours, des camions passent portant l'inscription 'aide pour le séisme' mais nous ne pouvons pas les arrêter", ajoute cet homme, qui dit dépendre entièrement de l'argent des passants pour acheter de l'eau potable et des pâtes. "TOUT LE MONDE EST SATISFAIT" Le responsable du district de Bantul, Idham Samawi, a assuré à Reuters que dans les abris mis en place par les autorités, "la logistique et les autres provisions sont suffisantes (...) tout le monde est satisfait." Le responsable des services sociaux de la région de Bantul, Abu Dzarin, a cependant reconnu quelques problèmes. "Le premier jour, samedi, nous n'avions rien. Dimanche, nous avons distribué des tonnes de riz (...) Lundi, l'aide a commencé à arriver", a-t-il détaillé. "Le problème, c'est que nous ne recevons pas suffisamment d'aide." Toutes les personnes qui réclament cette aide ne sont pas des victimes, a-t-il en outre souligné. L'Onu doit acheminer dans le courant de la semaine trois hôpitaux de campagne équipés de cent lits chacun, des tentes, du matériel médical et des générateurs. L'Organisation internationale pour les Migrations a annoncé mardi la distribution de 35 tonnes de matériel de secours en quatre endroits, dont Bantul. Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, qui s'est provisoirement installé à Yogyakarta, l'ancienne capitale du royaume javanais, a promis lundi soir que l'ensemble des fonds destinés aux secours seraient consacrés à l'aide aux victimes du séisme, alors que l'Indonésie est réputée pour sa corruption endémique. Le gouvernement a prévu de consacrer 100 milliards de roupies (environ 8,5 millions d'euros) jusqu'en août aux opérations de secours. Ensuite, une année sera consacrée à la reconstruction et à la réhabilitation des zones dévastées, ce qui devrait coûter au gouvernement 1.100 milliards de roupies (environ 93 millions d'euros). Ce séisme a dans un premier temps renforcé l'activité du volcan Merapi, situé non loin de Yogyakarta. Un vulcanologue indonésien a cependant déclaré à Reuters que l'activité de ce volcan, déjà élevée avant le séisme, s'était quelque peu calmée mardi par rapport à la veille.