Les combats entre l'armée et des islamistes se sont étendus à un deuxième camp de réfugiés palestiniens lundi, dans le sud du Liban, tandis que dans le nord le Fatah al-Islam retranché depuis deux semaines à Nahr el-Bared résistait toujours à l'offensive militaire. Les militants du Jound al-Cham ont ouvert un deuxième front en tirant des grenades dimanche et lundi depuis l'entrée du camp d'Aïn Héloué, près de Saïda, le plus grand des 12 installés au pays du Cèdre. L'armée a riposté et la police faisait état lundi de deux soldats tués et cinq autres blessés dans les accrochages. Un cadre du Jound al-Cham a également été blessé et les maisons de plusieurs des membres du groupe ont été détruites par les tirs de l'armée, selon des responsables palestiniens et de la sécurité libanaise. Le Jound al-Cham, "Soldats du Levant", a revendiqué ou se voit imputer plusieurs attentats et fusillades, la plupart au Liban et en Syrie. Des responsables syriens le considèrent comme le groupe islamiste le plus actif dans leur pays. Au Liban, où un accord avec les réfugiés palestiniens interdit à l'armée de pénétrer dans les camps, on estime le nombre des militants à quelques dizaines. Selon des responsables palestiniens et libanais qui tentent de mettre fin à la crise au camp d'Aïn Héloué, quelque 150 militants d'un autre groupe islamiste, Asbat al-Ansar ("La ligue des partisans"), qui refuse de combattre l'armée, devraient prendre le contrôle de la sécurité de deux faubourgs tenus par le Jound al-Cham. Asbat al-Ansar a déjà perdu l'un de ses membres dans les accrochages, selon des responsables ayant requis l'anonymat. "Le camp ne peut pas être pris en otage par 40 gangsters", a lancé lundi le colonel Abou Walid Achi, un porte-parole du Fatah, le parti modéré du président palestinien Mahmoud Abbas. "Si on nous laisse faire, nous pouvons venir à bout d'eux en quelques heures", a-t-il assuré, ajoutant que les groupes palestiniens se réuniraient pour discuter des moyens d'apaiser la situation. Le commandant adjoint du Fatah al-Islam à Nahr el-Bared, Abou Houreira, a déclaré lundi que son groupe disposait de militants à Aïn Héloué et tenterait d'y étendre la bataille, mais il a affirmé que le Jound al-Cham avait ouvert les hostilités de sa propre initiative. Les deux camps sont distants d'une centaine de kilomètres. Dans celui de Nahr el-Bared, où l'armée redouble d'efforts pour venir à bout du Fatah al-Islam -un mouvement se revendiquant de l'idéologie d'Al-Qaïda et apparu à l'automne 2006-, les combats sont entrés dans leur troisième semaine. Une relative accalmie dans la matinée laissait penser que des opérations commando étaient en cours dans le camp. L'armée, qui pilonne les positions de l'insurrection, a dépêché des renforts en hommes et véhicules lundi. Depuis le 20 mai, 47 soldats ont été tués, dont 45 à Nahr el-Bared; au moins 20 civils ainsi qu'une soixantaine d'islamistes sont morts dans le camp du nord. Toutefois, on ignorait le bilan des quatre derniers jours de combats, les organisations humanitaires n'ayant pas le droit d'entrer dans le site. Le Liban, déjà confronté à une grave crise politique intérieure, craint que la violence ne gagne les autres camps, qui abritent un total d'environ 400 000 réfugiés palestiniens. Attentat dans un faubourg chrétien de Beyrouth: 7 blessés Sept passants ont été blessés lundi soir par l'explosion d'une bombe dans un bus vide garé dans un quartier chrétien de la banlieue est de Beyrouth, selon un haut responsable libanais de la sécurité. La déflagration s'est produite dans le faubourg résidentiel et industriel de Bouchrié, a précisé cette source, qui a requis l'anonymat. Le Liban a renoué avec les attentats depuis deux ans, particulièrement dans les quartiers chrétiens, et en a aussi connu plusieurs dans et autour de la capitale depuis le début des affrontements le 20 mai entre l'armée et le groupuscule islamiste du Fatah al-Islam retranché dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared, dans le nord du pays. Une femme a été tuée et une dizaine de personnes blessées dans deux explosions les 21 et 22 mai dans deux quartiers de Beyrouth. Le 23 mai, une bombe a fait au moins cinq blessés dans la ville druze d'Aley, dans les montagnes du centre du pays; le 26 mars 2005, une explosion sur une zone industrielle de Bouchrié avait fait cinq blessés et mis le feu à des bâtiments.