Une nouvelle fois, l'Iran a soufflé lundi le froid, puis le chaud à propos des 15 militaires britanniques capturés le 23 mars par les Gardiens de la révolution dans les eaux du Chatt al Arab. La radio nationale iranienne a annoncé dans la matinée que tous les matelots et fusiliers-marins captifs avaient désormais avoué avoir pénétré avec leurs deux canots rapides dans les eaux iraniennes, ce que nie Londres. Puis, quelques heures plus tard, la télévision iranienne a transmis des images encore inédites des hommes de la Royal Navy, sans pour autant diffuser la bande son de leurs aveux présumés, rejetés comme inacceptables par Londres. Le commentaire accompagnant les images d'une demi-douzaine de militaires britanniques qui n'avaient pas encore été montrés à l'image a fait état d'un infléchissement de la position du gouvernement britannique. Le comportement de ce dernier, qui maintient que ses soldats sont tombés dans un guet-apens iranien dans les eaux irakiennes, exige leur remise en liberté inconditionnelle et "rameute" la communauté internationale, a été qualifié d'irrationnel samedi par le président Mahmoud Ahmadinejad. "Il semble que la Grande-Bretagne a évolué un peu dans sa position au cours des dernières 24 ou 48 heures à propos de faits incontestables et en a un peu rabattu", a estimé le commentateur des dernières images de la télévision iranienne. "DIPLOMATIE ACTIVE EN COULISSES" "Si cette tendance se confirme, on peut espérer que la question sera résolue dans le sens des exigences logiques de l'Iran, dans un cadre bilatéral, loin des cris et des vociférations", a-t-il assuré. Ces commentaires semblent traduire en eux-mêmes un infléchissement de la position intransigeante de Téhéran avec lequel le gouvernement britannique a déclaré dimanche être en "contact bilatéral direct". La télévision iranienne n'a pas dit en quoi la position britannique semblait s'être assouplie, mais la secrétaire au Foreign Office Margaret Beckett a affirmé samedi que "tout le monde regrette que la situation en soit arrivée à ce stade". Beckett a répondu personnellement par écrit la semaine dernière à un note de protestation diplomatique de Téhéran accusant Londres de violation de ses eaux territoriales. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a fait savoir que l'Iran étudiait le contenu de cette note mais attendait de la Grande-Bretagne "un changement de comportement et une position objective". A en croire le Sunday Telegraph, Londres exclut d'admettre que les 15 captifs auraient pénétré dans les eaux iraniennes et de fournir des excuses, mais accepterait de garantir que sa marine ne procéderait à l'avenir à aucune incursion délibérée dans la partie iranienne du Chatt al Arab. Le porte-parole de Tony Blair a déclaré lundi que Londres attendait la réponse de Téhéran à la note de Beckett et que la diplomatie "s'activait en coulisses". L'ambassadeur de Grande-Bretagne à Téhéran, Geoffrey Adams, qui a été en contact quasi quotidien avec le ministère iranien des Affaires étrangères depuis le début de la crise, devait y avoir ce lundi un nouvel entretien.