Au moins 66 personnes sont mortes dans un attentat, perpétré dans la nuit de dimanche à lundi, dans un train reliant l'Inde au Pakistan. Selon des sources officielles indiennes, cette attaque vise à enrayer le processus de paix entre les deux rivaux d'Asie du Sud. Ce train, surnommé «train de l'amitié», est le symbole du fragile processus de paix entre les deux rivaux d'Asie du Sud. L'explosion a ravagé, dimanche vers minuit, deux wagons du train à 5 km de la ville de Panipat, à 100 km au nord de la capitale indienne. «Nous avons compté 66 corps jusqu'ici. Trente personnes sont blessées. Elles ont été emmenées à New Delhi pour y être soignées», a déclaré le commissaire de police de Panipat (nord de New Delhi), Mohinder Singh. Le ministre des Chemins de fer, Lalu Prasad Yadav, a indiqué qu'il s'agissait d'un attentat, précisant que des explosifs à base de kérosène avaient été retrouvés dans deux valises dans le train. «Les intentions sont évidentes: c'est une tentative pour déstabiliser le processus de paix entre l'Inde et le Pakistan», a-t-il ajouté. «Quels que soient ceux qui ont fait cela, c'est contre la paix, contre les relations amicales que nous essayons de nouer avec d'autres pays», a déploré le ministre de l'Intérieur Shiv Raj Patil, en allusion au Pakistan. Selon la chaîne Times Now, les secours ont mis 90 minutes à arriver sur place. «Nous dormions quand j'ai entendu l'explosion, a raconté un survivant à Times Now. Les portes (du wagon) étaient fermées, nous ne pouvions pas les ouvrir et je suffoquais». L'express «Samjhauta» (ou «l'Express de l'Amitié») relie New Delhi à Wagah, sur la frontière pakistanaise. Là, les passagers doivent descendre pour prendre un autre train les emmenant vers Lahore au Pakistan. Ce service ferroviaire est un symbole du rapprochement entre les frères ennemis d'Asie du Sud. Mais il avait été suspendu début 2002 après un attentat contre le Parlement indien en décembre 2001, une attaque imputée par New Delhi à des militants soutenus par le Pakistan. La ligne de train avait été rétablie en janvier 2004. La chaîne New Delhi Television, citant les services de renseignements, a rapproché cet attentat de ceux du 11 juillet 2006 commis dans des trains de Bombay (187 morts et plus de 800 blessés). Après ces attaques, l'Inde avait gelé pendant plusieurs mois le processus de paix rétabli début 2004 avec le Pakistan. New Delhi accuse les services secrets pakistanais (ISI) de soutenir des groupes islamistes du Cachemire indien, suspectés d'avoir orchestré ces attentats de Bombay. Islamabad nie régulièrement. Les deux puissances nucléaires rivales se sont livrées trois guerres depuis la partition d'août 1947, dont deux à propos du Cachemire, un territoire himalayen divisé en deux et dont chacun revendique la pleine souveraineté. Dans le cadre du processus de paix, les deux pays ont échangé le 1er janvier la liste de leurs sites nucléaires qu'ils s'engagent à ne pas viser en cas de guerre. Fin 2006, ils avaient aussi décidé de coopérer à la lutte antiterroriste.