Sur initiative des étudiants de l'Ecole nationale de commerce et de gestion d'Agadir (ENGC) et de l'Association Espaces Innovation, Nabil Benabdallah a donné mercredi une conférence sur les réformes au Maroc, devant une affluence accrue à l'amphithéâtre de l'ENGC. Après les interventions des représentants des étudiants de l'ENCG, de l'association, du directeur de l'Ecole et du vice-président de l'Université Ibn Zohr, le ministre de la Communication, membre du Bureau Politique du PPS a entamé son discours en soulignant le fait que rien n'est absolu, que tout est relatif et que le Maroc est engagé dans une voie de réformes, afin rattraper les retards accumulés et de se positionner parmi les nations les plus développées. Pour l'orateur, le pays est en pleine mutation tel un serpent en mue, qui se trouve dans un état fragile puisqu'il change de peau. Les avancées notoires dans ce sens ne se font pas, néanmoins, d'une manière rectiligne et linéaire, mais accusent des hauts et des bas, comme tout autre nation en évolution. Mais, il faut bien dire que notre pays, poursuit-t-il , réalise des performances spectaculaires aux plans démocratique, économique, structurel, social et de communication . Un processus fort prometteur Toujours sur le même ton, l'intervenant a énuméré des réalisations à ces niveaux, tout en rappelant, clairement et sans ambages, les contraintes à braver et les lacunes à dépasser. Sur le plan démocratique, Nabil Benabdallah a affirmé que le pays a pu mettre en place un processus fort prometteur en matière de législation (Code de la famille, Code de la nationalité...), de libertés et de droits humains. Le Maroc, a-t-il dit, a tourné une des plus sombres pages de son histoire en procédant, sous le même régime et sans avoir recours à de révolutions ni guerres civiles, à la lecture de son passé avec audace, sérénité et stabilité. Chose que d'autres n'ont pu faire, notamment l'Espagne qui a connu des ères de dictature atroces. Certes, dans cette démarche, d'aucuns espéraient qu'aille jusqu'au bout ; mais qui traduire en justice si l'on sait que les auteurs sont multiples et ne relèvent pas exclusivement des sphères du Pouvoir ? Et puis, importe-t-il vraiment de s'évertuer dans des poursuites et procès interminables, qui pourraient compromettre notre engagement solennel dans ce projet de démocratisation, de développement et de modernisation, assuré par un jeune Roi résolument acquis à cette cause ? En tout cas le principe est présent et significatif, plaçant la Nation dans le sillage de la réconciliation salutaire et la mobilisation solidaire. Dans le même registre, un pays comme la France, exemple traditionnel de démocratie depuis des siècles, n'a pu, en outre, permettre aux femmes de voter qu'aux années 40 du siècle écoulé. Il ne s'agit pas de faire des comparaisons, précise l'orateur, mais de constater, effectivement, qu'on est en train de fonder une nation féconde et en phase des profondes mutations. Le Maroc a pris à bras-le-corps son économie, très affectée par la politique de la rente, en instaurant le plan Emergence pour la propulser bien en avant, avec plus de 110 milliards de dirhams d'exportations et plus de 7% de taux de croissance. Mais tout cela n'est guère suffisant, car il est impératif de garder les cadences, améliorer davantage les productions et procéder à des répartitions de richesses dans l'équité la plus totale. Réalisations et acquis sociaux Pour ce qui est des infrastructures, poursuit Nabil Benabdallah, jamais le pays n'a réussi autant de prouesses dans les domaines autoroutiers, avec plus 160 km et 200 autres très prochainement, alors qu'on se souvient de l'autoroute de Rabat-Casablanca qui a mis plus de 10 ans pour sa construction ; outre le réseau routier, ferroviaire et aéroportier, sans parler du plan azur avec 6 stations balnéaires partout dans le pays, de la révolution qui s'opère dans le nord avec notamment le projet Tanger Med, etc. Ce travail colossal ne saurait également continuer à ignorer les aspects sociaux qui longtemps ont été mis sous l'éteignoir. Dans ce sens, depuis seulement une dizaine d'années, en plus de la politique salutaire des barrages adoptée, il y a quelques temps, plusieurs projets sociaux ont été mis sur pieds, en particulier dans le domaine de la santé avec le système AMO, de l'habitat avec plus de 120.000 logements, soit 4 fois plus qu'avant, de l'éducation et de la formation, avec la généralisation de la scolarisation qui passe de 60% à plus de 95%. Mais un grand effort est à fournir afin de mettre fin au phénomène de la déperdition scolaire qui ronge encore notre enseignement. Répondre aux besoins et aspirations Dans le dernier chapitre de son intervention, Benabdallah a abordé le secteur dont il a la charge, à savoir la Communication. Là encore, jamais le pays n'a connu une telle floraison du paysage médiatique, avec la libéralisation de l'audiovisuel et l'encouragement du produit national. La culture Amazighe, dans cette vision plurielle et volontariste, commence à occuper progressivement la place qui lui revient, particulièrement, pour la première fois à la seconde chaîne. Cette action est menée de concert avec l'Institut Royal de la Culture Amazigh (IRCAM) qui regroupe des experts en matière de linguistique, de lexicologie, de phonologie... Certes, ce n'est là que le début d'un long parcours qui nécessite beaucoup de temps pour ancrer les principes d'ouverture et de diffusion des valeurs de l'identité nationale dans un monde assailli par les défis de globalisation au sein desquels on est appelé à se mouvoir avec créativité et persévérance. Notre objectif, conclue l'orateur, est de rivaliser avec les concurrents dans ce domaine et répondre aux besoins et aspirations des populations. On retiendra, enfin, cette réflexion de la jeune étudiante présentatrice du débat, selon laquelle, en paraphrasant le conférencier, rien n'est absolu mais, rétorque-t-elle, fort euphorique, que cette conférence a révélé, cependant, deux conclusions absolues: les étudiants sont impressionnés par la justesse du discours du conférencier, qualifié «d'homme d'exception» et qu'on aime ce beau pays qu'est le Maroc. Cela résume tout !...