A quoi pensait vraiment le président algérien Abdelaziz Bouteflika, lorsqu'il a recouru à une tierce partie, en l'occurrence l'Espagne, pour "amener le Royaume du Maroc et le front Polisario à accepter de mettre au point les modalités du référendum d'autodétermination libre et régulier" ? Pourquoi ne peut-il jouer ce rôle, lui le président d'un pays voisin et frère ? Pense-t-il encore que Madrid soit partie prenante au conflit comme autrefois ? En se prononçant, dans quel rang situe-t-il son pays, l'Algérie ? Est-ce un Etat partie au conflit ou un Etat en dehors du conflit ? C'est plutôt la deuxième réponse qu'essayent de promouvoir les décideurs algériens et qui est le socle de leur diplomatie en perte de vitesse depuis quelque temps, mais, cela tombe à vau-l'eau, dès que l'on écoute les propos d'un Bouteflika appelant une tierce partie à intervenir au conflit !! Les portes du Maroc comme celles d'Alger devraient rester ouvertes à tout dialogue et ne pas être remplacées par d'autres voix. De toutes les manières, ses propos émis lors d'une allocution lue en présence du Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, rappellent une certaine fausse note par rapport à l'unanimité arabe durant la crise de l'îlot "Leila/Tourah". La majorité des politiques ou décideurs algériens à la retraite, de la promotion et la génération du président algérien, se sont débarrassés vite de leur attitude anti-marocaine et entament un débat raisonnable et constructif pour l'édification du Maghreb. Pourquoi Bouteflika persiste-t-il à résonner en rebelle ? De nombreux observateurs attribuent cette question à un mode de système, qui prône la théorie d'ennemi extérieur. Machiavel n'est pas trop loin. D'autres parient sur le fait que l'Algérie remplace son rôle lors de la guerre froide par une ambition hégémonique. Elle entend jouer un rôle géopolitique, à la faveur notamment des millions de dollars générés par la manne pétrolière. Toutes les récentes gesticulations du locataire d'Al Moradia dénotent d'un grand retard enregistré en matière de suivi des développements survenus dans le dossier du Sahara depuis quelque temps. Point de polémique, puisqu'elle n'a pas eu lieu. Alger est invité à revoir sa position politique sur ce problème et opter plutôt pour une stratégie gagnant-gagnant Autres chroniques : t. Pour la énième fois, un "Etat" comme celui dont rêvent les autorités algériennes sur le territoire des provinces du Sud n'est tout simplement pas viable. Aussi bien les critères politiques et juridiques d'un Etat que les perspectives d'avenir manquent pour réaliser un tel projet. Alger ferait donc mieux de laisser les Sahraouis négocier entre eux sur la possibilité d'adopter le plan d'autonomie proposé par Rabat. C'est-à-dire mettre fin à cette mainmise. L'esprit maghrébin, qui accuse de plus en plus de coups bas, devrait être ressuscité à travers des positions de bonne foi d'abord, puis l'instauration d'une démarche de confiance pour aboutir à des projets de portée maghrébine. Avec un peu de volonté politique et de bon sens, cela n'est point un rêve.