Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a écrit à G.W.Bush pour lui proposer de "nouveaux moyens" de régler les tensions, peu avant une réunion à New York de membres de l'ONU destinée à évoquer le nucléaire iranien. L'annonce lundi de ce geste, sans précédent depuis 1980 et qui coïncide avec les fortes pressions sur l'Iran appelé à cesser ses activités nucléaires sensibles, est le premier depuis la rupture des liens diplomatiques entre les deux pays. Selon le porte-parole du gouvernement Gholam Hossein, qui s'exprimait dans un point de presse à Téhéran, le président ultraconservateur iranien propose dans sa lettre "de nouveaux moyens pour sortir de la situation vulnérable existante dans le monde". Le contenu de la missive, a-t-il ajouté, "va au delà des questions nucléaires et les questions nucléaires font partie des questions internationales". Dans son courrier, Mahmoud Ahmadinejad "analyse la situation dans le monde et examine les causes de ses problèmes", selon le porte-parole. "Dès que le président américain aura reçu la lettre, son contenu sera rendu public", a dit Hamid Reza Assefi. Lettre remise à la Suisse Le chef de la diplomatie iranienne "Manouchehr Mottaki a remis lundi à l'ambassadeur suisse la lettre du président Ahmadinejad à George Bush", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi. La Suisse représente les intérêts américains en Iran depuis 1981, après la rupture des relations irano-américaines en 1980. La Maison Blanche a affirmé lundi ne pas avoir connaissance d'une telle missive. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Fred Jones, a dit que "l'Iran sait ce qu'il a à faire, il doit se conformer" à la volonté du Conseil de sécurité de l'Onu et aux résolutions de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), "et cesser toutes les activités liées à l'enrichissement" d'uranium. Premier contact depuis 1980 C'est la première fois depuis la rupture des relations diplomatiques qu'un dirigeant iranien établit officiellement un tel contact avec un chef d'Etat américain. Les responsables iraniens avaient jusqu'ici exclu toute discussion directe avec les Etats-Unis, en arguant que Washington n'était pas prêt à traiter Téhéran sur un pied d'égalité. Washington a de son côté proposé à Téhéran des entretiens directs sur la seule question de la situation en Irak voisin, mais les deux pays ont ensuite écarté un tel dialogue. Les contacts entre les deux pays, plus ou moins confidentiels, ont été limités jusqu'ici au niveau de diplomates des ministères des Affaires étrangères, selon des sources diplomatiques occidentales à Téhéran. Téhéran véhément L'annonce de ce contact direct intervient alors que dimanche, dans un courrier adressé au secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, le Parlement iranien avait menacé de contraindre le gouvernement à décider un retrait du Traité de non-prolifération nucléaire si les Etats-Unis maintenaient leurs pressions pour obtenir une suspension des activités d'enrichissement.