Dans des articles publiés récemment sur notre site, l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) dénonçait les conditions de vie des chibanis dues à la mauvaise gestion des foyers par la société Adoma. L'ATMF National accusait quatre membres de l'ATMF Gennevilliers d'être de connivence avec la société Adoma et dénonçait également des actes de corruption auxquels Adoma n'a jamais apporté d'éclaircissement. Ali El Baz, membre de l'ATMF Gennevilliers et ancien coordinateur national de l'association a tenu à s'expliquer. Interview. Il apparaît clairement que l'ATMF Gennevilliers et l'ATMF National sont en conflit. Quelle en est la source ? Tout d'abord, il faut savoir que les 13 associations locales sont indépendantes, elles ont, chacune, un Conseil d'administration, un Bureau qui sont élus lors des Assemblées générales annuelles. L'ATMF National joue le rôle d'une fédération qui a pour fonction la représentation du réseau et de coordination entre les sections. En juin 2008, l'ATMF de Gennevilliers a exclu un de ses membres en l'occurrence Ouachekradi Mohamed pour malversations. Suite à cela, l'ATMF National l'a également suspendu de toutes ses fonctions. 3 ans après, l'équipe dirigeante actuelle de l'ATMF National l'a intégré en dehors de toute éthique et en contradiction totale avec le règlement intérieur qui régit nos rapports. Dans quel cadre avez-vous quitté l'ATMF National ? J'ai été coordinateur pendant 8 ans, c'est un poste polyvalent, très éprouvant au vu des responsabilités dans les différents champs de luttes : droits des migrants, droits de l'homme au Maghreb et dans le monde arabe mais également au niveau interne : coordination, gestion … A la lourdeur de ces tâches, s'ajoute l'absence de cohésion interne et de hiérarchisations des priorités. J'ai donc décidé de quitter mon poste de Coordinateur National en me séparant à l'amiable de l'équipe dirigeante. Que reprochez-vous à l'ATMF dans ses dernières déclarations à Yabiladi.com ? Le rôle de l'ATMF National est de renforcer les actions des associations membres. Le choix d'intervention dans une zone géographique de l'ATMF de Gennevilliers, sans aucune concertation avec cette dernière, nous pousse à croire que ce n'est pas la défense des résidents des foyers de Gennevilliers qui préoccupe l'ATMF National, mais plutôt régler des comptes avec des personnes membres de l'ATMF de Gennevilliers. Cela s'explique aisément par le nombre de foyers en France. Adoma possède 486 foyers, ADEF possède 40 foyers, AFTAM posséde 117 foyers, par conséquent celui qui veut lutter ne choisit pas uniquement les 4 foyers de Gennevilliers et Asnières. En outre, l'article en question est un mélange de ragots de bas niveau sans aucune preuve, de «fatwa» contre 4 militants de l'ATMF de Gennevilliers. Mohamed Ouachekradi se proclame responsable de la coordination des résidents alors qu'il n'habite pas dans les foyers, et vu l'absence d'adhésion des résidents au boycott des élections il menace de poursuivre Adoma en justice. Tout cela est pathétique et nous ne comprenons pas pourquoi ce genre de comportement est cautionné par l'ATMF national. Quelles critiques pouvez-vous faire au sujet de la gestion des foyers par Adoma ? Au-delà du statut des résidents avec des contrats d'un mois, c'est l'absence de concertation et de respect des résidents qui est monnaie courante chez les responsables de foyers. Après des années de lutte, le législateur a imposé en 2000 (loi SRU) à tous les gestionnaires de foyers d'élire des représentants de résidents dans le cadre d'un Conseil de concertation. Pendant des années, Adoma a refusé de mettre en pratique la loi préférant des résidents non organisés, leur niant ce droit minimal à la citoyenneté et/ou désignant des délégués de complaisance à sa botte. A Gennevilliers, nous avons réussi, en avril 2010, à imposer après occupation du siège de l'agence Adoma à Gennevilliers, des élections transparentes dans les foyers Le Coq et Esso. Le COPAF (comité pour l'avenir des foyers), les coordinations des foyers ADOMA et AFTAM ainsi que L'ATMF de Gennevilliers exigent que les résidents élisent leurs délégués, et que s'ouvre des négociations sur le loyer, les charges, la réhabilitation etc... Confirmez-vous les conditions de vie dénoncées par l'ATMF National? Je refuse la surenchère et je ne partage pas le point de vue misérabiliste sur les foyers à Gennevilliers. Certes, il y a des problèmes quant à l'entretien du bâti, de la qualité du service que les gestionnaires doivent fournir aux résidents, puisque payés par ces derniers, mais la majorité des résidents conservent leurs chambres dans une propreté que peuvent leur envier beaucoup d'autres!! Dans le cadre de la lutte pour les droits des vieux migrants, j'ai visité beaucoup de foyers aussi bien en région parisienne qu'en province. Certains foyers Adoma et AFTAM ressemblent à de véritables squats sans aucune hygiène ni sécurité. Des résidents occupent en surnombre les chambres dans les foyers, ou dorment dans des couloirs ou dans les cuisines collectives, cela pose la question du logement dans son ensemble, c'est ce que nous avons dénoncé lors de la manifestation du 15 mars dernier. Pour conclure, j'aurais aimé ne pas être amené à répondre à cette agression contre l'ATMF de Gennevilliers, mais quand le politique disparait il reste des chamailleries et des problèmes de personnes. Je souhaite plutôt : • Que l'ATMF National mobilise son réseau pour la défense réelle des droits des migrants et contre les discours nauséabonds des membres du gouvernement actuel. • Participer à une campagne d'information pour que les 35 000 retraités marocains sur 90 000 puissent valoir leur droit à la retraite complémentaire. • Participer a une campagne d'information pour que les 20 000 maghrébins, anciens combattants, puissent bénéficier d'une retraite égale à celle des français. • Participer à une campagne de dénonciation du harcèlement des vieux migrants......