Les vestiges témoignent de l'importance historique de la région, habitée depuis des milliers d'années. Palimpseste des influences phéniciennes, carthaginoise, portugaise, juive ... le patrimoine de la région est aussi riche que méconnu. Safi, El Jadida-Mazagan et Azemmour ont été construites sur les sites d'anciens comptoirs phéniciens puis carthaginois qui établirent leur commerce dans la région il y a 3500 ans. Les Romains, quand ils s'installèrent dans le nord du Maroc, ne vinrent pas jusqu'à l'actuelle région des Doukkala. La région était alors habitée par des tribus amazighes bien que peu de traces subsistent de ce peuplement. Ibn Khaldoun rappelle qu'entre Safi et Salé, l'ancienne région Tamesna, s'est formé le royaume des Barghawata entre le VIII° et XI° siècle. L'un des plus anciens monuments historiques de la région, la mosquée de Sidi Chiker datée du premier siècle de l'hégire, fut sûrement un lieu important pour l'islamisation des Barghawatas. Le site a gardé son importance théologique après la victoire des Almohades contre les Barghwatas au XI° siècle (V° siècle de l'hégire), et abrite aujourd'hui les rencontres internationales des affiliés au Tassawuf (soufisme). L'autre site de la région daté de la même époque sont les ruines d'un ribat, une citadelle qui abrite aujourd'hui le moussem de Moulay Abdellah Amghar, l'un des plus grands du Maroc. Situé non loin d'El Jadida, ces ruines seraient celles de l'ancienne ville amazighe Titnfitr. Depuis toujours, les ports de la région ont marqué l'histoire des Doukkala. Les Almohades firent de Safi le port de Marrakech qui devint ainsi une escale dans le commerce avec Cordoue. Au XV° siècle, l'influence portugaise devint forte pour atteindre une occupation portugaise directe de plusieurs ports marocains. Azemmour et Safi tombèrent dans les mains des Portugais entre 1508 et 1513. Ils édifièrent Mazagan (El Jadida) en 1514. Chacune de leurs possessions furent reconquises, ville par ville, par les Saâdiens. Oualidia tire d'ailleurs son nom de la casbah construite par Moulay Oualid, l'un des derniers sultans saâdien, en 1634, pour combattre l'occupation portugaise. Mazagan fut la dernière forteresse portugaise à être conquise par les sultans marocains : le sultan alaouite Sidi Mohammed ben Abdellah prit la ville en 1769. Avec l'avènement de la dynastie alaouite au XVII° siècle, le contrôle du territoire devint l'un des principaux enjeux du pouvoir. Moulay Ismail fit construire deux grandes casbahs dans la région de Doukkala-Abda, celle de Boulaouane et la casbah Hmidouche, aujourd'hui cachée par une forêt sur l'oued Tensift. Les deux étaient lieux de garnison de la réputée garde de soldats noirs du sultan. Les Abid al Bukhari consitutaient le principal moyen de Moulay Ismail pour établir le monopole du pouvoir, selon l'historien C.R.Pennel. Son petit fils, Mohammed III, mit en place le système du makhzen, si caractéristique du Maroc contemporain. L'une des antennes locales du makhzen près de Safi, la famille du caïd Hajji - lui et ses 6 ancêtres - a particulièrement marqué les mémoires locales. Sa cruauté, la richesse amassée aux dépens de la population sont légendaires. Toutes sortes de mythes circulent à cet égard autour des ruines de son immense demeure que l'on peut visiter non loin de l'embouchure de l'Oued Tensift. Les traditions locales ont également marqué l'histoire régionale. Réputée pour la fauconnerie et ses fantasias, son art équestre a été enseigné à de nombreux princes alaouites. Son patrimoine est riche, sur le plan religieux, de nombreux mausolées. Parmi les saints enterrés dans la région, 7 sont juifs et sont aujourd'hui des lieux de pèlerinage pour la communauté juive d'origine marocaine. Comme ailleurs au Maroc, la population juive constitua longtemps presque la moitié de la population urbaine de la région. Safi a la particularité de n'avoir pas de mellah (quartier juif) ils en existent de nombreux, dans les autres villes du Maroc. Ici, juifs et musulmans vivaient ensemble.