La stratégie d'ouverture de représentations diplomatiques au Sahara a révélé au grand jour le rôle majeur de l'Algérie dans le conflit du Sahara. Irritée, l'Algérie ne se contente plus désormais de condamner les ouvertures de consulats et ambassades de pays africains à Laayoune ou Dakhla. Elle vient de franchir un nouveau cap en décidant «de rappeler, pour consultations, l'ambassadeur d'Algérie en Côte d'Ivoire, suite aux déclarations sibyllines et insidieuses du ministre des Affaires étrangères ivoirien, lors de l'ouverture d'un prétendu consulat de Côte d'Ivoire à Laayoune, au Sahara occidental», a précisé le ministère des Affaires étrangères algérien dans un communiqué relayé par l'APS. Le département de Sabri Boukadoum estime que la décision de la Côte d'Ivoire «intervient au mépris des principes et des objectifs consacrés par l'acte constitutif de l'Union africaine, notamment l'impératif d'unité et de solidarité entre les peuples d'Afrique et la défense de l'intégrité territoriale et l'indépendance des pays membres de l'Union». Alger remet en question son titre de «pays observateur» La réaction de l'Algérie surprend d'autant plus qu'il a toujours été de notorieté publique que la Côte d'Ivoire soutient la marocanité du Sahara à l'exception de la parenthèse du président Laurent Gbabgo (octobre 2000 à avril 2010), marquée par une reconnaissance de la «RASD». Une position rappelée, d'ailleurs mardi 18 février depuis Laayoune, par le ministre de l'Intégration africaine et des Ivoiriens de l'Extérieur, Ally Coulibaly, qui a souligné que l'ouverture du consulat ivoirien est conforme aux «intérêts et valeurs du pays (…) En politique étrangère, comme dans d'autres domaines, nous veillons à ne pas donner de leçons morales, et nous ne voulons pas non plus qu'on nous dise ce que nous devons faire ou ne pas faire». Des propos qui ont donc suscité l'ire du pouvoir algérien. Le rappel de l'ambassadeur en Côte d'Ivoire pour «consultation» trahit surtout les allégations algériennes, mainte fois répétées, revendiquant seulement le titre de «pays observateur» dans le conflit au Sahara occidental. Les longs passages réservés au conflit dans le discours du président Tebboune lors du 33e sommet de l'Union africaine ont, d'ailleurs, sérieusement remis en question cette posture. Cette nouvelle colère du voisin de l'Est fait l'affaire du Maroc. Elle lui apporte en effet de nouveaux arguments pour pointer le rôle majeur d'Alger au Sahara occidental sur la scène internationale. «L'Algérie a une responsabilité flagrante. L'Algérie finance, l'Algérie abrite, l'Algérie arme, l'Algérie soutient diplomatiquement le Polisario», avait accusé le roi Mohammed VI dans un message adressé, le 4 avril 2018, au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.