Une simple phrase de Benkirane, et les voisins espagnols qui s'emballent. Lors de la présentation de son programme, le nouveau chef du gouvernement avait indiqué que le Maroc finira par exercer sa souveraineté sur ses territoires du Sud mais aussi ceux occupés du Nord, à savoir Sebta et Melilla. Suffisant pour secouer les voisins ibériques qui invitent le Maroc «à cesser de réclamer ce qui ne lui appartient pas» ! «L'avenir fera justice au Maroc qui exercera sa souveraineté aussi bien sur ses provinces du Sud que sur ses territoires occupées» de Sebta et Melilla. Court extrait du discours de Benkirane lors de son passage devant le Parlement pour la présentation de son programme gouvernemental. Une phrase passée inaperçue au Maroc, mais pas en Espagne où une partie de la presse en fait ses choux gras. «Le premier ministre marocain réclame les territoires occupés de Ceuta et Melilla», titraient certains confrères espagnols, qui se sont précipités à faire réagir des autorités ibériques, notamment celles de Melilla, issues du Parti populaire de Rajoy. Au lieu de calmer le jeu, le gouvernement régional de Melilla s'est à son tour lancé dans une véritable surenchère verbale, à la limite provocatrice : «Le Maroc devrait cesser de réclamer des territoires qui ne lui appartiennent pas», a répondu le porte parole du gouvernement local, Daniel Conesa, qui qualifie les propos de Benkirane de «rhétorique» entonnée par tous les chefs de gouvernements marocains. Daniel Conesa appelle le Maroc à cesser de revendiquer ces présides, car, dit-il, «cela ne mènera à nulle part». Sebta et Melilla sont des «villes espagnoles», croit-il, dur comme fer. Ce que «nul ne peut remettre en question»… Sauf que ces enclaves, ne sont devenues espagnoles qu'à partir de leur occupation en 1497 (Melilla) et 1580 (Sebta). Yabiladi.com a tenté, sans succès, d'avoir une réaction de responsables du cabinet de Benkirane sur cette nouvelle surenchère verbale espagnole. Le Maroc, qui continue de revendiquer Sebta et Melilla, a souvent relégué ce dossier au second plan, au nom de la bonne cohabitation avec son voisin du Nord. La récente visite du chef du gouvernement espagnol en serait la dernière illustration. La question n'aurait pas été évoquée (en tout cas, pas en public) lorsque Rajoy est venu supplier le Maroc de renégocier un nouvel accord de pêche avec l'UE pour sauver les professionnels espagnols.