Saviez-vous que c'est grâce au Maroc que l'esclavage a connu, de fait, un terme en Espagne ? En effet, cela remonte à 1766, lorsqu'un ambassadeur du sultan de l'époque a racheté les esclaves musulmans dans tout le pays. Une action, nous dit un historien, qui figurait parmi les priorités des représentants des sultans à l'étranger. Un fait historique d'une importance capitale, que beaucoup ignorent encore. L'esclavage a été supprimé de fait, en Espagne métropolitaine, grâce à un ambassadeur du Sultan alaouite de l'époque, Mohammed ben Abdallah (Mohammed III). En effet, en 1766 le représentant du souverain rachetait tous les esclaves musulmans de Barcelone, Séville, de Cadix et de l'ensemble du royaume ibérique. Ce qui mis un terme à l'esclavage, qui n'y sera légalement aboli qu'en 1837, bien que la pratique continuait dans les territoires d'outremer sous autorité espagnole. «Une fois dans leurs lieux d'accréditation, les ambassadeurs des sultans marocains se consacraient tout d'abord au rachat de captifs musulmans. Ces captifs n'étaient pas forcément Marocains. On retrouvait parmi eux des Egyptiens, Algériens…», éclaire l'historien Othman Mansouri. Selon celui qui est également secrétaire général de l'Association marocaine pour la recherche historique, «les ambassadeurs recevaient des lettres les invitant à racheter les captifs musulmans». Des clauses existaient même entre les deux royaumes, pour le rachat de captifs. Alors que les représentants du Maroc s'attelaient à faire libérer les captifs musulmans, les Européens faisaient de même pour leurs coreligionnaires chrétiens. «Il y avait toujours des guerres de religions entre les deux royaumes», ajoute-t-il. Et ce sont surtout les corsaires qui en tiraient leur épingle du jeu. La traite des captifs était pour eux «un moyen d'enrichissement».