WhatsApp a enclanché une action en justice contre le fournisseur de logiciels espions israélien NSO, l'accusant de cibler des dizaines de défenseurs des droits humains dans plusieurs pays. Cette procédure a été lancée après des révélations d'Amnesty International, selon lesquels des militants, notamment marocains, ont été pris pour cible. La plate-forme de messagerie instantanée WhatsApp a saisi la justice contre le fournisseur de logiciels espions israélien NSO, l'accusant d'avoir mené des cyberattaques secrètes sur des militants des droits humains, des avocats, des journalistes et des universitaires dans une vingtaine de pays, dont le Maroc. En effet, l'application dont Facebook est propriétaire estime que la société de technologie israélienne NSO est à l'origine de ces assauts sur Internet, qui ont pris pour cible près de 100 activistes en deux semaines depuis le début de l'année courante, rapporte le Guardian. La plainte de WhatsApp a été déposée mardi devant un tribunal en Californie (Etats-Unis). Elle exige «une injonction permanente empêchant NSO d'accéder aux systèmes informatiques de WhatsApp et de sa société mère, Facebook», révèle le le journal britannique. La société, qui collabore avec le laboratoire de recherche Citizen Lab pour identifier les victimes de NSO, a déclaré que 1 400 de ses utilisateurs étaient ciblés par ces «cyber-attaques sophistiquées». Elle a également indiqué que ces attaques visaient principalement des défenseurs des droits humains, des avocats, des personnalités religieuses, des journalistes et des organisations humanitaires, de la fin avril à la mi-mai 2019. Des défenseurs de droits humains marocains «piratés» «Des groupes de défenseurs des droits humains ont documenté une tendance inquiétante, à travers laquelle de tels outils ont été utilisés pour atteindre des journalistes et des défenseurs des droits humains», a déclaré un porte-parole de WhatsApp. Alors que la société a indiqué prendre attache avec des membres de la société civile qui ont été concernés par d'éventuels piratages, l'entreprise israélienne a nié tout usage malveillant. Dans une récente déclaration, le fournisseur de logiciels espions a déclaré que son objectif était de «fournir une technologie aux agences de renseignement pour aider à faire applique les lois et aider les gouvernements dans leur lutte antiterroriste». Pour sa part, l'ONG Amnesty International, basée à Londres, a prouvé les attaques des logiciels espions israéliens à travers une récente enquête. Publiée début octobre, celle-ci a démontré qu'au moins deux militants marocains figurent parmi les personnes prises pour cible par NSO : l'avocat Abdessadek El Bouchtaoui et l'historien Maâti Monjib. Espionnage : Amnesty International fustige l'utilisation par le Maroc d'un logiciel israélien Après avoir vérifié les appareils de ces derniers, Amnesty a conclu que les deux hommes avaient été «ciblés à plusieurs reprises par des messages malveillants contenant des liens vers des sites liés aux logiciels espions Pegasus du groupe NSO». Amnesty International n'est pas le seul organisme à inclure le Maroc dans la liste des pays ciblés par les logiciels espions israéliens. Une précédente enquête menée par Citizen Lab a également révélé que des «attaques suspectes par NSO Pegasus associées à 33 opérateurs de Pegasus» avaient été identifiées dans plusieurs pays africains, dont le Maroc. Citizen Lab, qui a collaboré avec WhatsApp pour établir le nombre d'attaques menées par NSO, a souligné dans son enquête que le Maroc était l'un des pays où «d'importantes opérations de Pegasus ont déjà été associées à l'utilisation abusive de logiciels espions pour cibler la société civile».