La Belgique est encore sous le choc. Les raisons qui ont poussé Nordine Amrani a lancer des grenades place Saint-Lambert, et tirer sur la foule avec une kalachnikov, relèvent encore du mystère. L'hypothèse de l'attentat terroriste a été balayée par ses avocats qui affirment que Amrani n'était pas musulman et se sentait belge. Après la stupeur et les tremblements, plusieurs questions surgissent. Devant le peu, voire l'absence, d'éléments, comment comprendre les raisons qui ont poussé un homme à jeter des grenades, tirer sur la foule, puis se donner la mort ? Qui était ce Nordine Amrani qui a fait 125 blessés et tué quatre personnes, après avoir fait un virement sur le compte de sa compagne ? Un intégriste musulman ? Membre d'un gang ? Quel était son parcours, ses origines ? Une enfance compliquée Amrani, est né le 15 novembre 1978 et est originaire du Maroc, de par ses parents. Après le décès de ces derniers, Nordine Amrani a vécu entre plusieurs familles d'accueil. Nordine a donc eu une enfance difficile. «C'était quelqu'un de charmant. J'ai le souvenir d'un homme très marqué par la perte de ses parents», raconte maitre Amrani (aucun lien familial), un des avocats de Nordine Amrani, qui ont pu apporter quelques éléments au puzzle. Maitre Jean-François Dister, son deuxième avocat, l'a eu au téléphone lundi, puis dans la matinée du mardi, jour du drame. Nordine était convoqué devant la justice pour une affaire de mœurs vers 13h30, soit une heure après les évènements de place Saint-Lambert. Il était inquiet. «Il pensait qu'on lui en voulait» Qu'il soit connu de la justice liégeoise n'est pas un mystère. Cet homme de 33 ans avait été condamné à 58 mois de prison en 2008, pour possession de 9 500 pièces d'artillerie, dix armes complètes, dont un lace-rocket, et 2 800 plants de cannabis. Remis en liberté conditionnelle en octobre 2010, Amrani a été interrogé peu avant ce mardi 13 décembre pour une histoire d'enlèvement. Il craignait d'être incarcéré à nouveau. «Il pensait qu'on lui en voulait [...] D'après mon client, c'était un coup monté et on voulait lui nuire. Monsieur Amrani avait une dent contre la justice. Il pensait avoir été condamné à tort», explique son avocat, Me Dister. «Il n'était pas musulman, il se sentait belge» «Encore maintenant, je ne comprends pas», poursuit Me Dister. Il ne comprend pas les raisons ayant poussé Amrani à commettre ce carnage. N'ayant pratiquement pas eu contact avec ses parents depuis sa naissance à Ixelles, et passé son enfance entre des familles d'accueils, cet homme, domicilié rue Campine, était certainement un «fou» d'armes, mais pas un intégriste. «Il ne se sentait pas du tout marocain, ne parlait pas un mot d'arabe et n'était pas musulman. Ce qu'il disait, c'est qu'il se sentait belge», assure son avocat, balayant ainsi toute thèse terroriste et mettant un terme à tous les raccourcis entre les origines de Nordine Amrani et son acte. Cependant, la justice belge n'avait jamais «relevé un quelconque déséquilibre» chez Amrani.