Le Maroc avait vite réagi au retour en force de John Bolton, nommé par Donald Trump il y a un an, sur la scène politique américaine. Il a multiplié les initiatives contre l'Iran, pour le Venezuela et en faveur du rapatriement de ses ressortissants détenus par les Forces démocratiques syriennes. Très tard dans le soir du 22 mars 2018, Donald Trump annonçait par un Tweet la désignation de John Bolton en tant que conseiller à la sécurité nationale en lieu et place du général McMaster. Connaissant parfaitement la proximité de l'ancien représentant des Etats-Unis, sous la présidence Georges W. Bush, le Maroc a été contraint de s'adapter à cette nouvelle donne et de réagir. Et pour cause, le même Bolton n'allait pas tarder à inquiéter le royaume. Sous son impulsion, le Conseil de sécurité prorogeait, le 29 avril, le mandat de la Minurso de seulement six mois supplémentaires. Une rupture avec une tradition, en vigueur depuis plus de sept ans, de prolonger automatiquement pour une année de plus le mandat de la mission onusienne. Le Maroc et la France étaient surpris de la décision de l'administration Trump à ce sujet mais ils n'ont rien pu faire. Et c'était au royaume d'en tirer à lui seul les conséquences de cet «échec». Les «cadeaux du Maroc» durant la première année de Bolton Vingt-quatre heures après l'adoption par les Quinze de la résolution 2414, Rabat rompait ses relations diplomatiques avec Téhéran. «Le Maroc dispose de preuves irréfutables, de noms et de faits précis qui attestent du soutien du Hezbollah au Polisario afin de porter atteinte aux intérêts suprêmes du Royaume», expliquait le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale Nasser Bourita, dans des déclarations à la presse. Un appel de pied en direction de celui qui qualifiait, il y a quelques semaines auparavant, l'accord sur le nucléaire iranien de juillet 2015 de «Waterloo diplomatique d'Obama». D'autres initiatives seront prises dans ce sens au fur et à mesure que John Bolton s'exprimait directement sur la question du Sahara occidental, comme lors de sa conférence du 13 décembre au groupe de réflexion «Heritage Foundation». Une rencontre durant laquelle il avait émis le vœu que le conflit territorial «soit résolu», reconnaissant que le non-règlement du différend constitue, pour lui, «une grande frustration». Toujours sur le dossier iranien, le Maroc était parmi les premiers pays à répondre présent à l'invitation lancée par l'administration Trump de prendre part à la conférence anti-Iran organisée en février en Varsovie. Le royaume y était représenté par son ministre délégué chargé des Affaires africaines, Mohcine Jazouli. Le 10 janvier, Bolton indiquait sur Twitter que «Les Etats-Unis ne reconnaîtront pas l'investiture illégitime de la dictature Maduro». «Nous continuerons d'augmenter la pression sur ce régime corrompu, de soutenir l'Assemblée nationale démocratique et d'appeler à la liberté et la démocratie au Venezuela», avait-il déclaré. Le Maroc, encore une fois, a vite saisi l'opportunité, annonçant la reconnaissance de Juan Guaido, autoproclamé président par intérim du pays. Un geste de plus en direction de l'administration Trump même si Bolton a, depuis son voyage en Israël en janvier, mis en sourdine son «hostilité» envers le Maroc. Les prochaines semaines pourraient apporter une réponse sur la nature du silence qu'il observe sur la question du Sahara. Est-ce un silence provisoire, compte tenu des nombreux «cadeaux» marocains dont le dernier en date est le rapatriement de huit de ses ressortissants détenus en Syrie, ou s'agit-il d'un silence qui s'installerait dans la durée ? Article modifié le 2019/03/22 à 12h07