L'ONU n'a pas encore procédé au recensement de la population des camps de Tindouf, comme le réclame depuis des années le Conseil de sécurité. En l'absence d'une telle opération, les Etats-Unis l'estiment officiellement à 100 000 personnes. En cas d'adoption sans modification, le projet de loi de finances 2019 des Etats-Unis devrait susciter des grincements de dents au Maroc. Outre la possibilité d'exclure le Sahara des fonds alloués au Maroc dans le cadre des programmes de l'USAID, le budget destiné au Département d'Etat consacre des aides à la population des camps de Tindouf sur la base de «100 000» habitants. «L'assistance humanitaire a permis de répondre aux besoins essentiels de plus de 100 000 Sahraouis vivant dans des camps de réfugiés dans le désert, près de Tindouf», lit-on sur la page 366 du document du Département d'Etat. Un chiffre que le royaume a toujours contesté, soulignant qu'il ne dépasse pas 40 000. L'estimation de Washington est supérieure à celle adoptée par l'Union européenne (90 000) pour calculer ses interventions humanitaires au profit des Sahraouis vivant sur le sol algérien. En deux années 8,5 millions de dollars d'aides Entre 2017 et 2018, Washington s'est montrée très généreuse avec le Polisario. Elle lui a consacré plus de 8,5 millions de dollars d'aides humanitaires, a indiqué l'ambassade américaine à Alger dans un communiqué publié en mars dernier. En 2016, et suite à des inondations ayant frappé le «camp de Dakhla», en octobre 2015, l'administration Obama avait consacré 4 millions de dollars de subventions supplémentaires au Polisario pour faire face à la catastrophe naturelle. Cet engagement humanitaire des Etats-Unis s'est traduit par la visite dans les camps de l'ambassadrice, Joan A. Polaschik, en février 2016, et de son successeur, John P. Desrocher, en mars 2018. Jusqu'à présent, le Maroc a du mal à inverser la tendance. Ses appels au recensement de la population des camps peinent à être entendus. Pourtant, les arguments étayant sa position ne manquent pas. Depuis 2011, les résolutions du Conseil de sécurité sur le dossier du Sahara occidental invitent le Haut-Commissariat aux réfugiés à procéder à des opérations d'enregistrements des habitants. Des demandes systématiquement rejetées par l'Algérie. En 2016, Alger a même réussi à convaincre les députés à la Chambre des représentants aux Etats-Unis d'écarter du budget 2017 du Département d'Etat une disposition appelant au recensement de la population des camps de Tindouf.