Le 5 août 1979 à Alger, le numéro 2 du Conseil militaire du salut national en Mauritanie signait un accord de paix avec le Polisario, officialisant son retrait de la province d'Oued Eddahab. Le coup d'Etat du 10 juillet 1978 en Mauritanie a brouillé les cartes géopolitiques. Le Maroc ne s'est jamais remis de la perte d'un allié en la personne du président Mokhtar Ould Daddah, alors au pouvoir depuis 1961. En revanche, le putsch a permis à l'Algérie d'étendre sa zone d'influence sur le territoire du voisin du sud du royaume. Une influence qui, certes, a connu des hauts et des bas, mais qui dure depuis presque quatre décennies. Le renversement de la présidence civile, la première dans l'histoire de la Mauritanie, a ainsi radicalement bouleversé le jeu des alliances au Maghreb. Du jour au lendemain, le Maroc de Hassan II a fait face à une «coalition» non-déclarée, composée de l'Algérie, de la Mauritanie, de la Libye et du Polisario, résolument hostile à ses intérêts, notamment sa présence au Sahara. Quant à la Tunisie de Habib Bourguiba, elle a adopté une position passive vis-à-vis de Rabat. Ould Daddah rejette une «fédération» proposée par Boumediene Pour les successeurs de Houari Boumediene, décédé le 27 décembre 1978, le coup d'Etat de la même année a la saveur d'une petite revanche. Et pour cause, en août 1974, Mokhtar Ould Dadah a décliné une offre du président algérien de créer une «fédération» entre les deux Etats. La rupture entre les deux hommes a fait suite à l'échec de leur premier sommet de Bechar (mars 1975). Cette fois, le président mauritanien a refusé l'ordre de son homologue algérien de se retirer des négociations tripartites (Maroc, Espagne et Mauritanie) sur l'avenir du Sahara occidental. Boumediene est revenu à la charge lors du deuxième sommet, une fois de plus à Bechar le 11 novembre 1975, soit trois jours avant la signature des accords de Madrid entre le Maroc, l'Espagne et la Mauritanie. Signé le 14 novembre 1975, le traité porte sur les conditions du retrait de l'armée ibérique du Sahara occidental. La rupture est plus que jamais déclarée après la participation de Nouakchott à ce processus. Rencontre entre le roi Hassan II, les présidents Moktar Ould Daddah et Houari Boumédiène, à Nouadhibou le 14 Septembre 1970 / DR La Mauritanie reconnaît la «RASD» en 1984 Une fois le régime présidentiel civil renversé, l'Algérie s'est nettement rapprochée des nouveaux maîtres. De son côté, le Polisario a immédiatement annoncé une trêve unilatérale avant de reprendre les armes en juin 1979 contre la petite armée mauritanienne. Deux mois plus tard, le commandant Ahmed Salem Ould Sidi, numéro 2 du Conseil militaire du salut national, qui réunissait 14 hauts gradés de l'armée, signe l'accord d'Alger. Par celui-ci, la Mauritanie annonce son retrait du territoire d'Oued Eddahab avec l'objectif de le céder au Polisario. Ce n'était sans compter avec la rapide réaction de Hassan II suite à la reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique» par Nouakchott, le 27 février 1984. Cette reconnaissance dure jusqu'à présent, même si elle n'a pas été suivie, comme le souhaite ardemment le Front, par un échange d'ambassadeurs. Article modifié le 07/08/2018 à 14h11