Mardi, à la Chambre des conseillers, le ministre des Finances a traité les promoteurs de la campagne de boycott de trois sociétés ayant pignon sur rue de "M'Daouikh". Un terme puisé dans le champ lexical de Benkirane. Un emprunt linguistique plein de sous-entendus. Le gouvernement El Othmani n'a pas tardé à réagir à la campagne, lancée depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, invitant les consommateurs à boycotter les produits de trois grands groupes industriels travaillant dans les secteurs de production de lait (Centrale laitière), des eaux minérales (Sidi Ali) et la distribution des carburants (Afriquia). La séance hebdomadaire des questions orales du mardi 24 avril à la Chambre des conseillers a offert au ministre de l'Economie et des Finances l'occasion idoine pour riposter. Mohamed Boussaid, en réponse à une question du groupe de la CGEM, a invité les consommateurs marocains à ignorer ces appels, les exhortant à davantage encourager les entreprises nationales. Et d'affirmer que les sociétés cibles de la campagne «sont structurées, paient leurs impôts et garantissent des postes d'emplois». L'argentier du royaume a terminé son intervention en traitant les promoteurs du boycott de «M'Daouikh» (fous). Boussaid et la rhétorique de Benkirane Un terme que Abdelilah Benkirane, alors chef du gouvernement et secrétaire général du PJD, avait popularisé en octobre 2016 en désignant les jeunes de son parti qui s'écharpaient sur les réseaux sociaux. Qu'un ministre du RNI puise dans le champ lexical de Benkirane est pour le moins inhabituel et soulève des interrogations, sachant les relations extrêmement tendues entre l'islamiste et la direction de la Colombe. Mohamed Boussaid était, d'ailleurs, très critiqué par les islamistes pour sa «responsabilité» dans le clash ayant opposé, en automne 2015, le PJD et Aziz Akhannouch au sujet de la tutelle de plus de 55 milliards de dirhams consacrés au fonds de développement du monde rural. Or, certains n'hésitent pas à pointer la main des jeunes du PJD derrière le lancement de cette campagne, soulignant que le choix de boycotter uniquement trois sociétés dont une appartenant à Aziz Akhannouch et l'autre à la famille Bensaleh révèle une motivation politique. En octobre, des membres de la Lampe avaient réclamé sur les réseaux sociaux, la démission du ministre de l'Agriculture et de la Pêche du gouvernement Benkirane II.