Ce n'est qu'en 2012 que des chercheurs français ont démontré qu'il ne s'agissait pas de chacals, mais de loups africains. Un retour, peut-être pas ; une réapparition, certainement. Deux loups dorés nord-africains ont été aperçus dans la zone de Guelaya, située près de Nador, dans le massif montagneux du Rif. Partagées samedi 3 février sur Facebook, les images de ces canidés ont été tournées le 28 janvier dernier, nous a indiqué son auteur, Juampe Góngorat Amat. «Il pourrait s'agir d'un couple», avance Imad Cherkaoui, ancien directeur exécutif du GREPOM (Groupe de recherche pour la protection des oiseaux au Maroc), professeur à l'université Moulay Ismail de Meknès et spécialiste des mammifères, contacté par Yabiladi. Juampe Góngorat Amat se veut lui aussi prudent : «Ils se déplacent tous les deux depuis que je les ai vus près de cette région il y a trois semaines, mais de là à dire qu'il s'agit d'un mâle et d'une femelle…» «Ce n'est pas la première fois que cette espèce est observée dans la région. Elle se réfugie dans des zones peu accessibles, loin des habitats humains, car elle était autrefois persécutée par les hommes. Les bergers, notamment, considéraient que ces loups étaient nuisibles. Ils doivent se nourrir de cadavres d'animaux», présume Imad Cherkaoui. «Leur présence n'est pas inédite ; ce n'est pas la première fois qu'on aperçoit des loups dorés nord-africains au Maroc, mais ça reste intéressant car c'est une espèce en déclin», ajoute-t-il. Des cousins du chacal ? «Au début, j'ai cru que c'était des chacals. Je n'en ai pas vu depuis des années mais je pensais que certains survivaient dans des zones reculées, loin des hommes. J'ai tourné une autre vidéo où l'on voit l'un d'entre eux en train de manger, mais ils ont fui après avoir entendu un bruit. Ils sont très craintifs», témoigne Juampe Góngorat Amat. Le premier «loup africain» a été photographié en 2008 près du parc national ornithologique du Djoudj, au Sénégal, rappelle Le Parisien. En 2012, des chercheurs français avaient démontré que des animaux, jusqu'alors confondus avec des petits chacals dorés dans différentes régions africaines, étaient en réalité des loups. «Il a été repéré près des habitations, on l'a vu manger des carcasses de bétail, on l'a aussi vu au bord des routes, au cœur des forêts de chênes algériennes en altitude, mais aussi dans des zones de savane sahélienne», indiquait Philippe Gaubert, chargé de recherche au sein de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), qui avait participé à l'étude de l'animal en partenariat avec le Muséum d'histoire naturelle et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Le Loup gris (Canis lupus) serait particulièrement répandu en Afrique, sa population s'étalant sur plus de 6 000 km entre le Sénégal et l'Ethiopie. Article modifié le 06/02/2018 à 15h20