Si à Jerada, les manifestants demandent de l'emploi et à Zagoura l'accès à l'eau potable, à Outat El Haj (province de Boulmène), les habitants réclament le droit de se soigner. Après Jerada, les habitants d'Outat El Haj, un petit village enclavé, protestent. «Nous demandons des services de santé qui préservent la dignité des citoyens», affirme dans des déclarations à Yabiladi Abdelaziz El Hammouzi, instituteur, élu communal et secrétaire de la section locale du Parti socialiste unifié (PSU). «Les conditions du décès mardi dernier d'un marchand ambulant est la goutte qui a fait déborder le vase, provoquant la colère de la population», explique-t-il. L'homme de 54 ans a été victime d'un accident de la circulation. La charrette qu'il conduisait est entrée en collision avec des blocs de pierres, laissés par un autre chantier. Grièvement blessé, il a été transporté encore en vie à l'hôpital, où il a finalement rendu l'âme. Les habitants accusent le ministère de la Santé de «négligence», ce que le département récuse. La tutelle assure dans un communiqué que le défunt «a été admis aux urgences (…) où les examens médicaux prodigués ont démontré que son état de santé est très critique, nécessitant son transfert d'urgence au CHU Hassan II à Fès». Et d'ajouter qu' «en accord avec sa famille et après les soins nécessaires dispensés pour stabiliser son état de santé, la victime a été évacuée par ambulance vers Fès. Mais à 40 km d'Outat El Haj, elle a succombé à ses blessures». Sept personnes convoquées par la gendarmerie dont des élus communaux «Nullement convaincus par la version du département de la Santé, des dizaines de manifestants ont organisé un sit-in de protestation devant le siège du pachalik. La mobilisation s'est poursuivie mercredi et jeudi», raconte El Hammouzi. «Malheureusement, les autorités n'ont pas répondu par l'ouverture d'un dialogue avec les représentants du comité du Hirak à Outat El Haj. En revanche, elles ont opté pour le recours aux convocations de quelques figures de la contestation au village, dont quatre élus locaux, pour être entendus par la gendarmerie de Missour», déplore-t-il. La colère qui envahit Outat El Haj n'est pas une surprise pour les autorités et le gouvernement. «Nous avions organisé, en juin, des marches pour exiger une amélioration des services de santé. A l'époque, les représentants du ministère de l'Intérieur au niveau local avaient initié un dialogue avec nous», se rappelle notre interlocuteur. Le comité du Hirak à Outat El Haj a décidé de suspendre les manifestations jusqu'à la semaine prochaine. «Je souhaite que le gouvernement saisisse cette occasion pour agir dans le bon sens», conclut Abdelaziz El Hammouzi.