Le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a présenté mercredi à Rabat le rapport de son instance d'évaluation (INE). «L'Atlas territorial des disparités en éducation» pointe du doigt la moyenne très basse d'années de scolarisation et les inégalités de chance dans l'accès à l'éducation. Synthèse. Equité et égalité des chances ; des mots qui reviennent régulièrement dans le rapport rendu public hier par le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS). Intitulé «L'Atlas territorial des disparités en éducation», il a été élaboré par l'Instance nationale d'évaluation (INE). Il s'agit de l'un des mécanismes de suivi des indicateurs de l'équité de l'éducation à l'horizon 2030. Son objectif est de contribuer à orienter les politiques éducatives en vue de réduire les disparités dans le domaine de l'éducation. L'analphabétisme et l'absence de l'enseignement secondaire «A travers l'estimation de deux indicateurs clés qui vont au-delà des indicateurs systémiques habituels, à savoir la moyenne d'années de scolarisation et l'indice de Gini de l'éducation, cet Atlas s'intéresse particulièrement aux disparités et aux inégalités en matière d'accès à l'éducation», précise le document. Les deux indicateurs présentés - le premier apprécie le niveau de capital humain dans une zone géographique, alors que le second évalue le niveau d'inégalité et de disparité dans l'accès à l'éducation - «s'inscrivent dans le cadre du premier fondement de la Vision stratégique». Les estimations de la moyenne d'années de scolarisation et de l'indice de Gini de l'éducation, calculées par l'INE, concernent la même population d'intérêt : celle âgée de 15 ans et plus. Ils sont rapportés à la même année de référence (2014) aussi bien au niveau mondial que territorial. L'indice Gini désigne quant à lui une mesure statistique de la dispersion d'une distribution dans une population donnée, les valeurs 1 et 0 indiquant respectivement des valeurs maximale et minimale d'inégalité. A l'échelle internationale, le Maroc se situe à la 136e place sur 175 pays, enregistrant une moyenne d'années de scolarisation de 5,64 en 2014. Ainsi, la scolarisation de la population marocaine âgée de 15 ans et plus a duré en moyenne 5 années et 6 mois, soit moins que les six années d'études primaires, précise le rapport. Principales raisons de ce retard : l'analphabétisme et l'absence de l'enseignement secondaire qualifiant et supérieur dans certaines régions. Moyenne d'années de scolarisation et indice de Gini de l'éducation des régions marocaines et leur classement mondial, 2014. / Ph. INE - CSEFRS Le Maroc doit réduire les inégalités Par ailleurs, avec un indice de Gini de l'éducation qui demeure relativement élevé (0,55), le Maroc perd 14 places en termes d'égalisation des chances dans l'accès à l'éducation (150e position). «Le classement du Maroc par rapport à la moyenne d'années de scolarisation étant relativement meilleur que celui de l'indice de Gini de l'éducation, cette situation révèle que des efforts supplémentaires devraient être consentis principalement en matière de réduction des inégalités.» Dans les détails et en positionnant les douze régions marocaines dans le classement mondial de 2014, soit l'année de référence, il s'avère que la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, qui se positionne au premier rang au niveau national, occuperait virtuellement la 117e place mondiale pour la moyenne d'années de scolarisation et la 134e place mondiale pour l'indice de Gini de l'éducation. De même, la région de Marrakech-Safi se place en dernière position au niveau national (151e rang pour la moyenne d'années de scolarisation et 153e pour l'indice de Gini de l'éducation). Le classement par rapport à la moyenne d'années de scolarisation apparaît relativement meilleur que celui de l'indice de Gini de l'éducation. «C'est donc l'équité dans l'accès à l'éducation qui pénalise le plus le positionnement du Maroc et de ses régions dans le classement mondial», notent les auteurs du rapport. Marrakech-Safi, une région très déficitaire avec des disparités criantes Les régions de Marrakech-Safi et de Béni Mellal-Khénifra enregistrent un indice de Gini de l'éducation supérieur à la moyenne nationale (0,58 et 0,57 respectivement). Ces deux régions sont aussi les seules dont la moyenne d'années de scolarisation est inférieure à 5. Les régions de Laâyoune-Sakia El Hamra, Eddakhla-Oued Eddahab, Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra seraient mieux logées avec des niveaux d'inégalité plus faibles (inférieurs à 0,50) et des moyennes d'années de scolarisation les plus élevées (supérieures à 6 ans). Il semblerait aussi que le nouveau découpage régional ait réduit les disparités entre les régions. Toutefois, les disparités entre les provinces s'avèrent relativement plus accentuées que celles interrégionales. Le classement par rapport à la moyenne d'années de scolarisation? / Ph. INE - CSEFRS En se référant au même classement des 175 pays pour la moyenne d'années de scolarisation, les provinces de Rabat et de Chichaoua occuperaient respectivement la 82e et 173e position, avec un énorme écart de rang de 91 points. La région de Marrakech-Safi enregistre également les disparités intercommunales les plus prononcées : un tiers des communes sont très déficitaires et 13% seulement sont non déficitaires, ce qui y amplifie le niveau de disparité. «Si on considère l'ensemble des communes marocaines, les disparités deviennent encore plus frappantes. De manière absolue, l'écart entre la première et dernière commune atteint 11,66 années de scolarisation alors que seules 7 communes réalisent une moyenne d'années de scolarisation variant de 9,8 à 12,1 années (sur 1 538 communes marocaines, ndlr)». Le niveau d'éducation de la commune d'Agdal Riyad se compare au niveau de pays développés comme l'Islande, la Géorgie ou l'Estonie alors que certaines communes marocaines, comme Tahelouante, Assais (Essaouira), Bouabout ou encore Amdlane (Chichaoua), ont une moyenne d'années de scolarisation ne dépassant guère une année.