Chellah est un des plus beaux monuments de Rabat. Les touristes se pressent pour découvrir l'endroit classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Détails. Depuis quelques années, Chellah voit s'inviter entre ses murs des festivals prisés tels que Mawazine et Jazz au Chellah. Le site, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, est une cité antique et nécropole mérinide qui se situe à l'embouchure de Bouregreg, à deux kilomètres du centre ville de Rabat. Il s'érige tel une forteresse que les habitations aux alentours ne dénaturent pas. Le lieu est chargé d'histoire puisque plusieurs dynasties s'y sont succédées. Dès l'arrivée, une porte majestueuse s'impose au regard. Elle inspire puissance et belligérance et attise la curiosité des touristes et des badauds locaux. Une fois la porte franchie, c'est un havre de paix d'une dizaine d'hectares qui s'ouvre aux visiteurs. Une végétation de fleurs qui sentent bon le printemps embaume leur odorat. La vue est sublime, puisqu'au loin on peut apercevoir le Bouregreg qui sépare Rabat de Salé. Beaucoup de chats se prélassent au soleil, tandis que des cigognes y ont établi leur nid. Un air de romance flotte dans l'air. Et pour cause, nombreux sont les couples qui viennent passer des moments romantiques à Chellah, bercé par l'atmosphère paisible du lieu. Vue sur une partie de Chellah. / Ph. Chellah voyages Cité antique, puis nécropole mérinide Nommée tantôt «Sala» par le géographe grec Ptolémée, tantôt «Sala Colonia» par l'empereur romain Antonin Le Pieux, Chellah possède des vestiges d'une ville romaine. Les fouilles archéologiques entreprises sur le site ont révélé qu'une agglomération importante avait vécu sur les lieux. «C'est des vestiges archéologiques de la cité antique qui a été fondée à l'époque mauritanienne (IIème siécle avant JC) puis s'est développé à l'époque romaine (du 1er siècle après JC)», rappelle l'archéologue Mohamed Kbiri Alaoui dans un reportage diffusé sur Medi 1 TV. Les vestiges romains du site de Chellah. / Ph. DR Lors de la période islamique, plusieurs dynasties se sont succédées à Chellah. Après les Idrissides, c'est Moussa Ibn Abi Affia qui s'en empare en 929, puis les Maghraouides en 993. Les Ifrenides firent de Chellah leur capitale au début du XIème siècle. Commence alors l'âge d'or de la cité - à l'époque une grande métropole - jusqu'à l'arrivée des Almoravides. Pourtant, Chellah fut laissée à l'abandon jusqu'en 1154. Abu Al Hassan, sultan phare de la dynastie mérinide, décide par la suite d'en faire une nécropole. Les travaux furent achevés en 1339, d'où l'inscription en écriture coufique sur la porte d'entrée qui témoigne de cette date. «Je crois que les Mérinides voulaient donner cet aspect forteresse pour renvoyer une image de combattant», précise Mohamed Kbiri Alaoui. Le sultan Abu El Hassan y possède sa tombe : «Sa dépouille fut enterrée à Marrakech, puis transférée à Chellah sous ordre de son fils Ibn Inan», ajoute l'archéologue. A cette époque, «Sala Colonia» pullule de mausolées en plus des vestiges archéologiques. «Dans les années 50, certains visiteurs du site enlevaient leur chaussures avant de passer par la porte Sidi Yahya (porte principale, ndlr) par respect des différents rois et princes enterrés, de ces marabouts qui ont beaucoup de baraka», raconte encore le spécialiste. Informations pratiques L'entrée de Chellah coûte 10 dirhams (elle est gratuite le vendredi). La visite s'étale sur deux heures. Le site est ouvert de 9 h à 17 h.