Après l'islam de France, l'islam de Belgique ? C'est en tout cas ce que préconise le scénariste et réalisateur Ismaël Saïdi. Interrogé sur une émission radio a propos des récents évènements survenus en France et la situation suscité en Belgique, l'artiste belgo-marocain a estimé que la Belgique a besoin d'un islam européen. Il a également appelé la communauté musulmane à assumer sa part de responsabilité. «Il n'y a plus de place en Belgique ou en Europe pour un islam qui ne serait pas européen ou belge. On n'a plus de raisons d'accepter un islam qui viennent du Moyen Orient ou d'Arabie Saoudite», a déclaré le réalisateur et comédien belgo-marocain, Ismaël Saïdi, en donnant son point de vue sur la situation en Belgique suite aux attentats de Paris dans l'émission Matin Prem1ère de RTBF dont il était l'invité. «On ne peut plus dire aux gens que islam=paix» D'après l'artiste, la communauté musulmane en Belgique et dans le monde doit prendre ses responsabilités face à la montée du terrorisme. «On ne peut pas dédouaner l'islam et les musulmans de ce qui se passe, on ne peut pas juste répondre aux gens : vous savez, ce n'est pas l'islam, islam égale paix», déclare-t-il. «Après deux ans où les gens voient les têtes qui roulent par terre, on ne peut plus leur dire islam égale paix», poursuit le scénariste dont la prière de théâtre, «Djihad», connait un grand succès en Belgique. L'œuvre présente le phénomène du jihad et aborde les questions clés telles que les différentes responsabilités face à ce phénomène. Dans cette pièce, «j'ai dénoncé la responsabilité sociétale (les ghettos, les quartiers complets abandonnés pour des raisons électoralistes), mais aussi la responsabilité des communautés musulmanes qui n'ont pas de responsabilité dans les attentats, mais qui ont des responsabilités dans la manière dont leurs jeunes et moins jeunes finissent par se transformer», explique le scénariste. «Les musulmans doivent assumer» Pour Saïdi, il ne s'agit pas pour les musulmans de dire qu'ils sont les auteurs des actes terroristes, mais d'endosser leur responsabilité «en assumant le fait que si [ces jeunes] arrivent à commettre les actes au nom de l'islam ou au nom du coran, c'est qu'il y a quelque chose qui leur permet de le faire». «Et cette chose, […] je pense que c'est la manière dont on inculque l'islam aux jeunes», estime-t-il. L'humoriste prend l'exemple de deux enfants dont l'un est musulman à l'image du sien. «Si je dis à mon fils ne mange pas de porc, parce que si tu en manges tu vas en enfer, s'il rencontre votre fils [celui du journaliste belge, ndlr], j'ai déjà désocialisé le mien. Pour mon fils, votre fils devient l'autre, presque l'ennemi. Ça ne veut pas dire qu'il va le tuer dans la semaine, mais on a déjà la haine, le mal qui est en lui», explique-t-il. Un islam européen ou belge, voilà donc ce que préconise l'artiste belgo marocain pour éviter que les jeunes musulmans de Belgique soient vulnérables face aux thèses extrémistes. Une sortie médiatique qui pourrait donner des idées aux politiques et susciter le débat comme ça a été le cas en France avec la question de «l'islam de France».