Le 14 septembre dernier, le Parlement français adoptait la loi sur l'interdiction du voile intégral. Mais son application ne sera effective que dans six mois, à l'issue de la période de pédagogie qui consiste à informer les femmes concernées sur l'interdiction du niqab. Ni putes ni soumises, l'association qui doit assurer cette mission pédagogique est très loin de faire l'unanimité. Près d'un mois et demi après l'adoption par le parlement français de la loi «antiburqa», le ministre de l'Immigration Eric Besson charge 15 ambassadrices de la laïcité d'assurer un programme pédagogique destiné à des femmes portant le voile intégral. Concrètement, il s'agit pour ces «ambassadrices» d'expliquer l'interdiction du voile intégral afin d'aider les femmes voilées à se débarrasser de leur burqa avant l'entrée en vigueur de la loi le 11 avril 2011. Elles sillonneront à partir du 13 novembre prochain, 13 communes d'Ile-de-France et 9 grandes villes de province. Mais le lancement de cette phase de pédagogie prévue par la même loi ne manque pas de susciter des interrogations. Non sur la campagne elle-même, mais sur l'association qui doit la mener : Ni putes ni soumises (NPNS). Beaucoup s'interrogent sur les raisons du choix de NPNS dont la fondatrice, Fadela Amara est membre du gouvernement. Et d'autant plus que l'association empochera pour cette mission la somme de 80 000 euros. La «manœuvre» semblait ourdie depuis longtemps, pensent nos confrères de Rue89. Car dès le vote de la loi, le porte parole d'Eric Besson avait laissé échappé qu'il n'était pas exclu que des associations comme Ni putes ni soumises soient choisies pour assurer des ateliers pour des femmes portant le niqab. Malgré «la surprise» à l'époque de la porte parole de NPNS quant à cette éventualité, la confirmation vient de tomber. Laissant des doutes d'autre part sur le silence de la présidente de l'association sur la question. Autre source de réserves, la capacité de Ni putes ni soumises à attirer les femmes portant la burqa. NPNS fait mauvaise presse dans les quartiers dits «sensibles» où ce travail d'information devrait être mené. Pire, même les non-voilés et autres féministes tirent à boulets rouge sur cette association taxée de faire de la récupération politique et de trop répandre les clichés. Il reste à voir si l'association réussira à démentir de manière crédible les soupçons de favoritisme. Le gouvernement français, quant à lui, fait preuve d'une nouvelle incohérence sur le dossier du voile intégral. A la polémique démesurée qui a accompagné son adoption alors qu'il ne concernerait que quelques 2 000 femmes, s'ajoute une mission «pédagogique» à assurer par une association en manque de légitimité parmi la population visée. On ne peut que s'interroger sur cette pédagogie...