Dans les sociétés européennes, beaucoup de gens ont tendance à croire que la religion est la principale cause de certains comportements violents, notamment parmi les jeunes musulmans. Mais en vérité, tel n'est pas le cas. D'autres facteurs sociaux en sont les réelles causes. Eclairages. La discrimination, la marginalisation sociale et le racisme poussent-ils les jeunes à adopter des comportements violents ? Oui. Et la religion ? Pas toujours ! C'est ce que révèle en tout cas l'enquête que vient de publier l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA). «L'expérience vécue de la discrimination, de la marginalisation sociale et de la violence: étude comparative des jeunes musulmans et non-musulmans», tel est son intitulé. Menée entre 2008 et 2009, l'étude a recueilli les avis de 3000 jeunes (12-18 ans) dans trois pays membres de l'UE ayant connu des attentats ou des troubles urbains impliquant de jeunes immigrants issus d'un milieu musulman : la France, l'Espagne et le Royaume-Uni. Moins de discrimination au Royaume-Uni Environ un jeune sur quatre dit avoir été victime de discrimination ou pris à partie injustement, dans tous les trois pays. Mais c'est en France et en Espagne que ces attitudes sont plus fréquentes à l'égard des jeunes musulmans, contrairement au Royaume-Uni. Par contre, interrogés sur le sujet, les jeunes qui ont été victime de discriminations étaient «moins nombreux à répondre qu'ils se sentaient 'très heureux' que ceux qui n'en avaient pas été victimes», selon l'étude. Les sentiments d'exclusion poussent ces jeunes à recourir plus vite à la «violence émotionnelle» (les moqueries ou les intimidations) envers autrui que les jeunes qui ne se sentent pas socialement marginalisés. Mais ils sont rares à passer à l'acte. La religion ne justifie pas la violence Dans l'ensemble, les jeunes condamnent les actes de violence commis sans «bonne raison». Mais estiment néanmoins qu'ils sont justifiés en cas «d'auto-défense» ou de protection d'autrui. A l'inverse des idées reçues, certains comportements violents des jeunes sont très loin d'être motivés par l'appartenance religieuse. C'est plutôt le fait de se sentir discriminés et socialement marginalisés qui poussent davantage les jeunes à être violents. Ainsi, comme le révèle l'étude, au Royaume-Uni, «aucune différence n'a été constatée entre les réponses des jeunes musulmans et celles des non-musulmans» concernant l'usage de force. Indépendamment de leurs convictions religieuses, les jeunes interrogés se disent inquiets de l'état du monde et sur les grandes questions sociales. Pire, les responsables politiques ont peu de crédit à leurs yeux. Motif d'espoir toutefois, les parents sont ceux à qui les jeunes continuent le plus à faire confiance. En guise de recommandations, les auteurs du rapport enjoignent de lutter contre la marginalisation sociale et la discrimination «compte tenu de leur impact déterminant sur le caractère fondé ou non de la violence aux yeux des jeunes.» A bon entendeur…