Alors que les scandales immobiliers sont devenus fréquents ces dernières années au Maroc, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Politique de la ville veut prendre le taureau par les cornes. Il a annoncé la mise en place d'une cellule spéciale pour lutter contre les escroqueries immobilières perpétrées par les mafias. Chez les victimes et les associations concernées, on pousse un premier ouf de soulagement. Benkirane a rencontré certaines victimes de spoliations immobilières Les affaires Benaïssa Friekh, Bouchta Makcharrad, George Brissot, Christian Thuillier ou encore celle de la pharmacie Gouraud sont autant d'exemples d'escroqueries immobilières à Casablanca que nous avons évoqués sur Yabiladi. Une situation devenue inquiétante pour plusieurs propriétaires de biens immobiliers qui se retrouvent ainsi comme des proies faciles de puissantes mafias. Pour lutter contre ces scandales devenus fréquents dans le royaume, le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Politique de la ville, Nabil Benabdellah, a annoncé vendredi la mise en place d'une cellule centrale contre ce fléau. Benabdellah rencontre des victimes de la mafia immobilière Cette décision vient suite à une réunion tenue mercredi entre le ministre de tutelle et plusieurs personnes «victimes d'une série d'escroqueries et de dysfonctionnements qui étaient derrière le pillage des avoirs et des biens immobiliers de citoyens marocains et de ressortissants étrangers, ayant conduit à plusieurs protestations particulièrement dans la ville de Casablanca», indique un communiqué cité par MAP. Cette nouvelle cellule, d'après la même source, aura pour mission de recevoir les plaintes de victimes d'escroquerie et de dysfonctionnements ayant abouti au pillage de leurs avoirs et de biens immobiliers, et provoqué plusieurs protestations organisées en particulier à Casablanca. Elle se chargera de classer les plaintes et d'assurer la coordination avec les parties concernées ainsi que leur suivi au niveau central et local. La nouvelle cellulle devra également veiller au traitement rapide des dossiers urgents, poursuit le communiqué. Le collectif des vicitmes prépare l'offensive contre les mafias En tout cas, cela fait plusieurs années que le collectif des vicitmes de spoliations immobilières dénonce les agissements de ces mafias. Après avoir interpellé le ministre de l'Habitat, des membres du collectif et des groupes de victimes ont aussi rencontré le premier ministre Abdelillah Benkirane, qui a également promis de venir à leur rescousse, explique le vice-président du collectif Mohamed Moutazakki, contacté par Yabiladi. Selon ce dernier, les affaires de spoliations immobilières portent sur deux aspects. Celles basées sur de faux documents et des procédures judiciaires. Le deuxième cas concerne l'évacuation des familles sur la base d'un document administratif de construction et démolition livré par le "Dar al khadamat" (guichet unique de l'urbanisme de Casablanca). Chez les victimes et leurs défenseurs, c'est un peu l'espoir qui est en train de renaître. «On veut fermer la porte à la mafia, le chef du gouvernement nous a promis qu'il fera le nécessaire pour luttter contre ce phénomène», se réjouit Moutazakki. «Je suis entrain de préparer toutes la documentation des victimes et surtout des jugements à base de ce document fourni par "Dar al khadamat" afin de trouver une solution pour les familles casablancaises», explique-t-il. Si la mise en place de cette cellule est une première avancée, le fait est qu'aujourd'hui les spoliations immobilières ne portent pas que sur des villas ou appartements dans les grandes villes comme Casablanca. Fin janvier dernier à Salé, plus de 3 500 familles étaient menacées de perdre leurs maisons construites sur des lots de terrain achetés par un chef d'une petite formation politique sans être enregistrés à la conservation foncière. L'acquisittion de ce quartier s'était faite dans des conditions peu transparentes à seulement 14 dirhams le mètre carré alors que sur le marché il vaut pas moins 8 000 dirhams. Un message fort pour l'Association DJM Par ailleurs, l'association pour le droit et la justice au Maroc, contactée par Yabiladi, s'est félicitée que les autorités marocaines par l'intermédiaire du ministre de l'habitat prêtent attention aux victimes d'escroqueries immobilières, qui sont un des nombreux volets des phénomènes de spoliations au Maroc. « C'est un pierre de plus ajoutée à l'édifice de la justice, s'exclame S. Vabre, qui estime toutefois, qu'il faut rester vigilants et continuer le travail car bien d'autres techniques et moyens sont utilisés pour des méfaits visant à s'approprier le foncier d'autrui de manière illégale ». « Nous savons que tous les autres services de l'état sont en alerte et c'est un message fort et encourageant pour les victimes que nous assistons », ajoute Vabre.