Les singes magots du Maroc ou macaques de Barbarie sont à l'honneur en science. Une nouvelle étude publiée hier, lundi, sur l'exposition au stress des mâles selon leur mode de vie en société permet de démontrer que les hommes sont moins exposés au stress lorsqu'ils sont en compagnie d'autres hommes. Détails. «La force des amitiés entre les hommes leur permet de se prémunir contre les effets négatifs du stress social et environnemental». C'est la conclusion très sociologique d'un groupe de chercheurs de l'Université de Göttingen en Allemagne dans une étude publiée lundi par la revue scientifique PNAS. Ils se sont basés sur des observations comportementales des singes magots encore appelés macaques de Barbarie, vivant parmi les cèdres à feuilles caduques et les forêts de chênes du Moyen Atlas au Maroc. Pour mémoire, cette race de singe est connue pour avoir un comportement similaire à celui de l'humain. Observés pendant plus de 2000 heures De manière pratique, les scientifiques ont constitué trois groupes dont le premier comptait sept à neuf singes magots mâles adultes, le deuxième composé de huit femelles adultes, tandis que le troisième réunissait six mâles et huit femelles. Pendant 2033 heures de vie commune, chaque groupe a été exposé à différentes situations stressantes (agression, chaleur, etc). Ainsi, les scientifiques ont surveillé au fur et à mesure les niveaux du glucocorticoïde, l'hormone du stress, chez les macaques dans chacun des groupes. Résultat : selon l'intensité de la situation, le stress augmentait de manière générale chez les singes magots mâles. Cependant, leur niveau de stress est resté moindre lorsqu'ils étaient uniquement en compagnie des mâles. En fait, le macaque de barbarie «se sent moins menacé lorsqu'il est entouré d'autres mâles et c'est le cas aussi chez l'homme», explique le Dr Christopher Young, du centre de recherche Evolution du comportement social de l'Université Georg-August de Göttingen et dirigeant de l'étude. Les chercheurs ont également observé que même des facteurs naturels comme le froid semblent moins être un problème pour les singes magots du Moyen Atlas marocain lorsqu'ils sont entre mâles. «Les macaques mâles forment des liaisons sociales semblables à des amitiés humaines qui les protègent contre les facteurs de stress au quotidien», a indiqué le Dr Young. Alors que le macaque de Barbarie marocain a souvent beaucoup plus fait parler de lui dans le cadre du trafic illicite, cette nouvelle étude souligne une fois de plus l'utilité de cette espèce menacée. A noter que pour réaliser cette étude dont les auteurs assurent «la conformité aux exigences juridiques du Maroc», les chercheurs de l'Université allemande ont reçu l'autorisation du Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts, ainsi que l'assistance du Professeur Mohamed Qarro de l'Ecole nationale forestière d'Ingénieurs de Salé.