Contrairement à ce que laissait entendre son directeur, le conseil du lycée Camilo José Cela de Pozuelo (région de Madrid) a voté, mardi, en faveur de l'actuel règlement intérieur interdisant de se couvrir la tête au sein de l'établissement. L'école propose à Najwa, la lycéenne exclue de cours pour port de hijab, de changer d'école. A 500 mètres de l'actuel lycée, le lycée San Juan de la Cruz de Pozuela accepterait les élèves portant le voile, comme 60% des lycées de Madrid. D'ailleurs, une lycéenne de cet établissement commentait dans les pages d'El País que ca lui paraissait «un peu absurde qu'on veuille interdire le voile.» Le directeur de l'institut s'était exprimé dans le même sens, vendredi, quand il disait que le l'interdiction de se couvrir la tête était destinée aux casquettes, pas au port du hijab. Nombre d'associations et d'organisations islamiques ont aussi critiqué cette décision, et à travers la médiatisation de cette affaire, les plus hauts niveaux politiques ont pris position. Les ministres espagnols de l'Education nationale et de la Justice, Ángel Gabilondo et Francisco Caamaño ont condamnés cette exclusion. Le droit à l'éducation et la liberté religieuse seraient au dessus de cette polémique, et l'Espagne devait faire preuve de tolérance. Mais pourtant, hier, le conseil du lycée, composé de professeurs, de parents, d'élèves, du personnel non enseignant et de représentants de la commune, à statué à 15 voix contre 2 que l'interdiction de se couvrir la tête dans l'établissement serait maintenue. L'école se devrait de maintenir sa laïcité, et le conseil de l'école aurait considéré que le règlement intérieur ne pouvait pas être changé «pour une personne, encore moins sous pression», indique un communiqué de la MAP. Esperanza Aguirre, présidente de la communauté de Madrid et membre du Parti Populaire (PP), soutenait, dans une interview à la RTVCM (vidéo en Espagnol), cette décision, autant du point de vue formel que sur le contenu. Elle «respectait l'autonomie des lycées en la matière», mais penserait «qu'on ne doit pas se couvrir la tête à l'école» - comme l'a décidé le conseil. Dès lors, Najwa pourra soit continuer de passer les heures de cours dans la salle de visites, à l'écart de ses camarades, soit enlever son voile à l'école, soit changer de lycée. Ultime possibilité: un recours contre cette décision devant les autorités éducatives de la Communauté de Madrid, recours qui pourrait finir devant les tribunaux. Parcours long et difficile pour Najwa, qui n'est plus allée en cours depuis lundi et souffrirait beaucoup de cette situation, selon son père et ses proches. Mais une de ses amies maintient également que «Najwa continuera de lutter, elle n'enlèvera pas le voile». En signe de soutien, trois de ses amies mettent le voile à l'entrée et à la sortie des classes.