Deux jours après la cérémonie en mémoire au jeune militaire franco-marocain Imad Ibn Ziaten tué il y a un an par Mohamed Merah à Toulouse, sa mère Latifa Ibn Ziaten a accepté de répondre aux questions de Yabiladi. C'est lundi 11 mars, qu'a eu lieu la cérémonie en hommage à Imad Ibn Ziaten dans la ville de Toulouse. Il y a un an, le parachutiste franco-marocain était tué par Mohamed Merah, sa toute première victime avant qu'il n'assassine six autres personnes dont deux autres parachutistes franco-maghrébins, un enseignant et trois enfants d'une école juive. En présence du maire socialiste de la ville Pierre Cohen, Latifa Ibn Ziaten, la mère d'Imad, a dévoilé une plaque commémorative sur le lieu où a été tué son fils sur laquelle est écrit ««Ici le 11 mars 2012 a été lâchement assassiné l'adjudant Imad Ibn Ziaten, mort pour le service de la nation», rapporte Libération. Latifa Ibn Ziaten a ensuite reçu la légion d'honneur à titre posthume par les mains du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. «Cette cérémonie s'est très bien passée. Je l'ai passée au coté de l'armée française qui est aujourd'hui ma seconde famille. Elle a été non seulement une tristesse mais également une fierté.», déclare émue Latifa Ibn Ziaten contactée aujourd'hui par Yabiladi. Elle explique qu'en recevant la légion d'honneur à titre posthume, son fils est monté ainsi en grade et est devenu adjudant. Pourquoi Merah a été tué ? Malgré cette cérémonie, la famille Ibn Ziaten n'a toujours pas fait son deuil, tant qu'un procès n'a pas lieu. Un procès qui permettrait à la famille de répondre à certaines de leurs questions, restées aujourd'hui sans réponse. «Ce qu'on demande c'est la vérité pour faire notre deuil. Pourquoi ils [ndrl les policiers du RAID] n'ont pas réussi à capturer Mohamed Merah vivant ? Si il était toujours vivant aujourd'hui, il aurait pu expliquer pourquoi il a tué nos enfants, qui étaient des enfants de la République», s'interroge Latifa Ibn Ziaten. «Je laisse le soin à la justice de faire son travail. J'ai confiance en la justice française», répète-t-elle. Main tendue du Maroc Pourtant, quelques jours après la mort de son fils, Latifa Ibn Ziaten a vécu un véritable calvaire en France. «Certains policiers m'ont humilié. Personne ne m'a prévenu lorsqu'on a fait une autopsie sur le corps de mon fils. Après la tragédie, le maire de Toulouse n'a pas envoyé un message de condoléances et de soutien à ma famille. J'ai trouvé ça extrêmement dur», confie-t-elle la gorge nouée. Elle ajoute qu'elle a été extrêmement touchée de lire dans la presse, quelques heures après la mort de son fils, qu'il était décédé des suites d'un règlement de compte car un arabe venait de tuer un autre arabe. «Lorsque j'étais dans le brouillard à cette période, c'est le Maroc qui m'a tendu la main. Le Maroc m'a redonné courage pour me remettre debout et ça je ne peux pas l'oublier. C'est pour cela que je voudrais remercier les Marocains de leur soutien et rendre hommage au roi du Maroc. Le Maroc n'oublie pas ses enfants», tient-elle à dire. Latifa Ibn Ziaten raconte que le souverain a pris en charge la cérémonie d'enterrement de son fils dans la ville de M'diq le 25 mars 2012. «Le troisième jour après l'enterrement de mon fils, le roi en personne m'a téléphoné pour me présenter ses condoléances et me dire qu'il partageait ma peine», confie-t-elle. Une cérémonie qui a permis de redonner une dignité à sa famille. Elle ajoute qu'ensuite, le souverain a pris en charge un voyage à la Mecque pour lui permettre de faire son deuil. «Mon fils Imad voulait m'envoyer, son père et moi à la Mecque. Et je lui avais répondu qu'il devait d'abord penser à lui. Mais il avait insisté. Aujourd'hui, il est parti et c'est le roi qui m'a permis de faire ce voyage», poursuit-elle. Tournée dans les quartiers difficiles En attendant que la justice française fasse son travail, Latifa Ibn Ziaten continue de se rendre dans les quartiers difficiles et dans les écoles. «Je suis aujourd'hui demandée un peu partout en France. Ce que je veux transmettre à ces jeunes est un message de paix, leur dire que l'Islam n'est pas une religion de haine», dit-elle. Le 21 mars prochain elle se rendra dans une école de Sarcelles. Enfin, lorsqu'on lui demande où elle trouve la force de continuer à transmettre ce message de paix, malgré la douleur, elle répond : «Mon fils est mort debout. Moi je n'ai pas le droit de m'allonger». Venue de Latifa Ibn Ziaten au Maroc Latifa Ibn Ziaten sera au Maroc le 25 mars prochain, pour se recueillir sur la tombe de son fils inhumé, il y a un an à M'diq, ville d'origine de Latifa. Elle nous a également fait savoir qu'elle souhaitait qu'une place de la ville porte le nom de son fils. Le Wali de Tétouan lui aurait donné son accord. Cependant, depuis plusieurs jours, elle essaie de le contacter par téléphone mais il reste injoignable. Elle souhaiterait que cette place soit inaugurée lors de son passage au Maroc.