La nouvelle page dans les relations entre le Maroc et l'Ethiopie préoccupe certaines parties en Egypte. La réunion de ce mardi au Caire entre Nasser Bourita et son homologue égyptien a-t-elle dissipé ces inquiétudes ? Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, s'est réuni, ce mardi au Caire, avec son homologue égyptien, Badr Abdel Ati. L'agence MAP a qualifié d' «approfondis» les entretiens entre les deux parties. De son côté, le porte-parole de la diplomatie égyptienne s'est félicité, dans une déclaration à la presse, «des relations fraternelles entre les deux pays et les deux peuples frères», soulignant «l'importance de l'effort commun pour développer les relations bilatérales distinguées entre les deux parties et les orienter vers des horizons plus larges dans tous les domaines», rapportent des médias égyptiens. Il a également mis l'accent sur l'impératif de «la coordination et la coopération sur les dossiers d'intérêt commun afin de réaliser les intérêts des deux pays». Le porte-parole a indiqué que les deux ministres ont échangé leurs points de vue sur un nombre de sujets, «comme la crise libyenne, les développements actuels au Soudan, ainsi que la question des eaux du Nil, la situation dans la Corne de l'Afrique, et le maintien de la sécurité et de la stabilité sur le continent africain en général et dans la région du Sahel et du Sahara en particulier». Le rapprochement avec Addis-Abeba préoccupe l'Egypte Ces entretiens entre Nasser Bourita et Badr Abdel Ati interviennent deux semaines après la visite effectuée au royaume, du 25 au 29 août, par le chef d'état-major des armées de l'Ethiopie, le maréchal Birhanu Jula Gelalcha. Un déplacement qui a soulevé quelques interrogations en Egypte. Certes Le Caire ne l'a pas commenté officiellement mais des analystes égyptiens ont abordé le réchauffement des relations entre Rabat et Addis-Abeba avec préoccupation. «Le timing de ce rapprochement n'est pas un bon signal», a estimé, dans des déclarations au site de la chaîne américaine Al Hurra, l'universitaire égyptien Yasser Al-Hawari. «Les autorités marocaines devraient peut-être fournir à l'Egypte des explications sur sa position concernant le rapprochement à ce moment précis, et pourquoi l'Ethiopie ? Malgré l'absence d'intérêts communs entre les deux pays», s'est-il interrogé. De son côté, France 24 arabic a réservé, le 2 septembre, une émission sur les «préoccupations égyptiennes», à l'instar de la chaîne allemande DW arabic. Pour rappel, Nasser Bourita avait assuré, en mai 2022 à Rabat, à son ancien homologue égyptien, Sameh Shoukry, «le plein soutien du Maroc à la sécurité hydrique de l'Egypte en tant que partie intégrante de la sécurité hydrique arabe, appelant à l'abandon des politiques unilatérales en rapport avec les fleuves internationaux et l'engagement envers le droit international», y compris l'accord de principes signé en 2015 en ce qui concerne le remplissage et l'exploitation du barrage de la Renaissance en Ethiopie. La nouvelle page dans les relations entre le Maroc et l'Ethiopie, un pays qui reconnait encore la «RASD», a commencé bien avant la visite du maréchal Birhanu Jula Gelalcha. En juin dernier, une délégation des Forces armées royales (FAR), s'est déplacée à Addis-Abeba, mais sans susciter de craintes au Caire. Le 20 mai 2024, la capitale éthiopienne avait accueilli la 1ère session des consultations politiques entre le Maroc et l'Ethiopie. Une réunion coprésidée par le directeur général au ministère marocain des Affaires étrangères, l'ambassadeur Fouad Yazough, et le ministre d'Etat éthiopien aux Affaires étrangères, Mesganu Arga. A l'issue des entretiens entre Nasser Bourita et Badr Abdel Ati, ce mardi au Caire, le Maroc et l'Egypte ont annoncé la tenue «dans les meilleurs délais de la quatrième session du mécanisme de dialogue, de coordination et de consultation politique et stratégique». La dernière édition de ce cadre de partenariat entre les deux pays a été organisée en mai 2022 à Rabat.