Le PAM connaît une nouvelle fronde. Elle est menée par trois anciens secrétaires généraux de la formation politique, qui mettent ouvertement en garde contre les conséquences des déclarations faites par Abdellatif Ouahbi, suite au scandale des examens des avocats, sur la «crédibilité et la popularité» du parti du Tracteur. Alors que le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi est toujours englué dans la crise des examens des avocats, ne parvenant pas encore à tourner la page de ce scandale, trois anciens secrétaires généraux de son Parti authenticité et modernité (PAM) tirent à boulets rouges sur sa gestion de la formation politique. Ne faisant pas dans la dentelle, Hassan Benaddi, Mohamed Cheikh Biadillah et Hakim Benchamach dénoncent, dans un communiqué consulté par Yabiladi, «les pratiques, les déclarations et les menaces» faites par Ouahbi, les qualifiant de «provocations gratuites portant préjudice à la crédibilité, la popularité du PAM, à ses valeurs et principes». Ils expriment leur «rejet catégorique (…) d'une déviation dangereuse par rapport au projet fondateur du parti». Les signataires estiment que les sorties et les agissements de Ouahbi nuisent aussi aux «acquis réalisés par le Maroc durant les deux dernières décennies, en vue de bâtir un Maroc d'équité, de réconciliation et de développement durable». Une marque de fabrique au PAM Après le réquisitoire dressé contre Ouahbi, les anciens secrétaires généraux invitent les militants et les élus du PAM «à assumer leur devoir avec fermeté et rigueur afin de ramener le parti dans sa droite ligne». Un appel direct qui apporte du crédit aux informations annonçant l'organisation, dans les prochains mois (probablement au printemps), d'un congrès extraordinaire du PAM pour élire un nouveau secrétaire général à la place de Ouahbi. Les signataires du communiqué affirment que les sorties hasardeuses de Ouahbi interviennent dans un contexte international qui exige plutôt «le renforcement du front intérieur et la cohésion nationale, sur la voie de la construction d'un Maroc moderne et prospère». Mais force est de constater que deux anciens secrétaires généraux du PAM, Ilyas El Omari et Mustapha Bakkoury, n'ont pas apposé leurs signatures à cet appel. L'intervention des ex-chefs de ce parti est une marque de fabrique au PAM. Elle est souvent annonciatrice de changement au niveau du titulaire des commandes du parti. En témoigne, l'appel lancé, en avril 2019, par Hassan Benaddi, Mohamed Cheikh Biadillah, Mustapha Bakkoury et Ilyas El Omari, pointant la gestion de Hakim Benchamach. Après dix mois de résistance, l'ex-président de la Chambre des conseillers avait fini par rendre son tablier, en février 2020, lors d'un congrès organisé à El Jadida. Un conclave qui avait donné les commandes du Tracteur à Abdellatif Ouahbi. Pour rappel, le bureau politique du PAM n'a pas manifesté publiquement sa solidarité, lors de sa rencontre du 16 janvier, avec son secrétaire général et ministre de la Justice, critiqué pour sa gestion des examens des avocats. Une semaine après cette réunion, Ouahbi a balayé d'un revers de main toute contestation interne de sa direction du PAM. «Je vis mes plus beaux jours au sein du Parti authenticité et modernité», s'est-il vanté mardi dans des déclarations à la MAP.