Le ministre délégué chargé de l'Investissement, Mohcine Jazouli, a assuré que la nouvelle Charte d'investissement permettra de s'atteler à accompagner les Marocains du monde pour dynamiser leurs projets à valeur ajoutée et générateurs d'emploi dans la mère patrie. Mardi, la Chambre des conseillers a adopté le projet de loi-cadre 03.22 formant un renouvellement de ces dispositions datées de 1995. Au lendemain de l'adoption du projet de loi-cadre 03.22 formant la nouvelle Charte d'investissement, au niveau de la Chambre des conseillers, le ministre délégué chargé de l'Investissement, de la convergence et de l'évaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli, a indiqué que les trois axes de ce cadre permettront d'assurer «une croissance inclusive, verte, durable et orientée vers des métiers d'avenir», notamment avec le soutien aux entrepreneurs engagés dans cette voie, qu'ils soient locaux, nationaux, étrangers ou concitoyens résidents à l'étranger. Lors d'une rencontre de presse à ce sujet, mercredi 30 novembre à Casablanca, il a évoqué les différentes formules de cet appui de l'Etat, incluant des «primes communes, territoriales et sectorielles», notamment pour encourager l'activité économique en dehors de l'axe El Jadida-Kénitra. Les projets employant considérablement les femmes, dans une approche genre transversale d'autonomisation, sont particulièrement promus, au même titre que ceux évoluant dans des secteurs considérés prioritaires. Les primes seront versées selons des critères définis par voie réglementaire. Elles seront cumulables entre elles à hauteurs de 30% du montant d'investissement, qui lui n'est pas plafonné. Cette loi posera également les bases d'«amélioration de l'environnement des affaires, afin de faciliter le circuit de l'investisseur, de simplifier l'action d'investir et de consacrer une atmosphère de confiance pour libérer les énergies», a souligné Mohcine Jazouli, d'autant que «la précédente Charte date de 1995» et n'est plus en phase avec la conjoncture et les besoins actuels du secteur. Ainsi, il a insisté sur le «renforcement d'une gouvernance unifiée et décentralisée» tel que le permet le nouveau cadre, de manière à converger «l'efficacité des mesures de développement et de promotion des investissements». «Le succès de cette réforme de l'investissement appelle au fort engagement de tous les intervenants, à commencer par les secteurs privé et bancaire, de manière à créer 500 000 emplois d'ici à 2026», a-t-il encore souligné. Dans la logique de territorialisation, le ministre a rappelé que la tutelle des Centres régionaux d'investissement (CRI) est transférée du ministère de l'Intérieur à son département. Les investissements des MRE, une ressource potentielle à valoriser A la lumière du discours royal du 20 août dernier, à l'occasion de la Révolution du roi et du peuple, et qui a consacré une part importante aux Marocains du monde, la dimension de l'investissement des MRE dans leur pays d'origine devra être incluse à la mise en œuvre de la nouvelle Charte et des décrets d'application prévus dans ce sens. Réagissant à cette question, Mohcine Jazouli a déclaré à Yabiladi qu'«on se doit de mettre en place des mécanismes adéquats pour soutenir les MDM désireux d'investir ici, tout en tenant compte de la valeur importante de leurs transferts qui ont avoisiné les 100 milliards de dirhams cette année». Maroc : Nouveau record des transferts des MRE en 2022, avec près de 100 MMDH «Au-delà de la devise que cela apporte au Maroc, il est important de se pencher sur la ressource potentielle que cela représentera, en termes d'investissement», a ajouté le ministre. «Sur ces presque cent milliards, dix vont directement à une activité d'investissement, dont deux milliards dirigés vers un investissement productif. Le reste est constitué, en grande partie, de l'immobilier ainsi que de l'aide familiale, ce qui est également important. Mais en termes de statistiques, cela indique que 2% seulement de ces transferts-là sont investis dans un secteur économique à grande productivité», a-t-il analysé. «Nous voyons le grand pourcentage restant comme un gisement et une vraie opportunité pour l'économie nationale. A nous de mettre en place les bons outils à cet effet ; ce changement de braquet est essentiel», a encore indiqué Mohcine Jazouli. Dans le même sens, il a ajouté auprès de notre rédaction que le récent discours royal interpellait le département concerné, pour «faciliter les choses auprès de nos concitoyens de l'étranger, à commencer par les démarches administratives». «Beaucoup viennent passer leur mois de vacances au Maroc, mais consacrent la majorité de leur temps aux différents services de l'administration, soit pour investir, soit pour acheter ou pour vendre un bien», constate le ministre. «Il est important de leur faciliter la tâche, notamment par la mise en place d'un desk Marocains du monde au niveau de l'Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) relevant du ministère de l'Investissement», nous a-t-il déclaré. «Un travail est mené également avec la Confédération générale des entrepreneurs du Maroc (CGEM), mais ce desk permettra déjà à nos MRE d'avoir un point de contact, car beaucoup se sentent perdus et ne savent pas vers qui se tourner pour s'informer sur les différentes démarches de lancement d'un projet à valeur ajoutée pour l'économie nationale», souligne-t-il encore. «Nous allons faire la même chose au niveau des CRI et nous irons encore plus loin en capillarité. Nous allons nous servir de la digitalisation de nos plateformes pour être au plus près de nos Marocains du monde, qui pourront faire leurs procédures administratives depuis leurs téléphones, de là où ils se trouvent.» Mohcine Jazouli Mieux identifier les profils des MRE pour leur proposer des offres adéquates Outre le volet administratif et celui relatif aux démarches d'investissement ainsi qu'à l'information, Mohcine Jazouli a indiqué réfléchir à donner aux MRE «l'accès à des projets et aux faisabilités d'investissement au Maroc, par secteur». Maroc : Avec 93 MMDH, les transferts de MRE deviennent la première ressource financière extérieure «Dans ce sens, je pense qu'il ne faut pas voir tous les Marocains du monde de la même manière homogène. Nous avons eu peut-être tord de ne pas avoir réfléchi à les regarder autrement, depuis des années. Il est important de segmenter les profils, en fonction des compétences et des capacités, afin d'identifier ceux qui voudraient mettre une somme moyenne dans un projet d'investissement, ceux qui ont percé dans l'entrepreneuriat à l'internationale et qui voudraient investir plusieurs millions de dollars, ou ceux qui travaillent pour de grandes firmes mondiales et qui peuvent pousser ces dernières à investir au Maroc ; chacun d'eux apportera une valeur ajoutée à l'économie nationale», a-t-il ajouté. Selon Mohcine Jazouli, «le fond MDM doit peut-être aussi être réactivé et redynamisé et il est important de bien connaître notre diaspora, l'identifier, la qualifier et aller la chercher, pour lui offrir des opportunités, afin de passer de ce 2% à beaucoup plus». Le ministre rappelle qu'«investir au Maroc, pour nos Marocains du monde, n'est pas qu'une affaire d'argent : c'est un lien avec la mère patrie, un retour aux sources et un attachement permanents au pays».