Alors que le président français menace de durcir les «règles» de l'octroi de visas pour les ressortissants du Maghreb, ce sujet s'achemine à être un problème franco-marocain. Les restrictions pour les Tunisiens ont été levées et les Algériens seraient sur le point de les rejoindre, comme a annoncé le 10 octobre la Première ministre française. Le président français promet de continuer sa politique de durcir l'octroi de visas aux ressortissants des pays du Maghreb. «Vous avez beaucoup entendu parler de cette crise qu'on a eue avec la Tunisie, le Maroc et l'Algérie. On leur a dit si vous ne reprenez pas les gens à qui on demande de quitter le territoire, et bien, on va restreindre les visas», a-t-il souligné dans une interview accordée, ce jeudi, à la chaîne France 2. Emmanuel Macron s'est félicité que cette politique a donné des fruits. «En deux ans, on a réussi à renvoyer chez eux 3 000 personnes qui étaient en situation irrégulière, qui troublaient l'ordre public mais, surtout, depuis une circulaire du ministre de l'Intérieur d'août 2021.» Le chef de l'Etat n'a pas précisé les origines des personnes expulsées ni les lieux à partir desquels ils ont été effectuées. Le président français s'est engagé à continuer sur la même voie. «On va durcir les choses pour aller aux 100% d'expulsions pour ceux qui sont les plus dangereux», a-t-il affirmé. Seul reste le problème avec le Maroc Force est de constater que la question de la délivrance des visas aux ressortissants maghrébins est sur le point de se réduire à un problème franco-marocain. En effet, le gouvernement français a décidé de «revenir immédiatement au rythme ordinaire concernant l'octroi des visas pour les ressortissants tunisiens», a indiqué, le 8 septembre, le ministère français de l'Intérieur dans un communiqué, sanctionnant des entretiens entre Gérald Darmanin et son homologue tunisien, Taoufik Charfeddine. «Au ministère de l'Intérieur français, on a expliqué que la Tunisie était le premier des trois pays (du Maghreb concernés par les restrictions de l'octroi de visas, ndlr) à avoir levé les tests sanitaires demandés pour pouvoir entrer sur le territoire. En outre, on a souligné "les grands progrès réalisés" par la Tunisie en matière de coopération», avait alors rapporté Le Figaro. Avec l'Algérie, une solution serait à portée de main. «Je pense que les échanges qui ont pu intervenir entre Gérald Darmanin et son homologue (algérien), qui vient d'être nommé, ont été très utiles. Je pense qu'on se comprend bien, qu'on a pu partager nos attentes réciproques, et je n'ai pas de doute que c'est quelque chose qui va pouvoir se régler maintenant rapidement», a annoncé la Première ministre française dans une interview accordée, le 10 octobre lors de sa visite à Alger, à RFI. Elisabeth Borne a précisé qu'une solution au problème des visas avec l'Algérie sera annoncée «dans les prochaines semaines, certainement». En revanche, avec le Maroc il n'y a point d'annonce similaire. Le sujet dépasse, en effet, les compétences du ministre français chargé du Commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger, Olivier Becht, qui s'est rendu au royaume du 18 au 20 octobre. Pour sa part, l'exécutif Akhannouch continue d'observer le silence sur cette affaire. «Le gouvernement a écouté les préoccupations des citoyens à cet égard, et ce dossier est sur son agenda», s'est contenté de répondre brièvement, le ministre Mustapha Baïtas à une question sur ce sujet. Pour rappel, en septembre 2021, la France avait décidé de réduire le nombre de visas accordés aux Marocains et Algériens de 50% et 30% pour les Tunisiens. Une mesure prise en riposte au «refus du Maroc, l'Algérie et la Tunisie de reprendre des ressortissants» que la France ne souhaite pas et ne peut pas garder sur son territoire, avait expliqué alors le porte-parole du gouvernement français.