Après deux ans de lutte Imane Bidlal a fini par obtenir le droit d'intenter un procès à Walt Disney. Cette marocaine de 28 ans résidant en Californie avait porté plainte contre son employeur pour discrimination en 2010, l'accusant de porter atteinte à sa liberté religieuse. Tout a commencé en 2009, Quand Imane décide personnellement de porter son hijab de manière permanente. Elle demande à sa hiérarchie la possibilité d'aller au travail ainsi vêtue. Deux mois plus tard, sa demande est rejetée, prétendument en raison des politiques vestimentaires de Disney. En juin 2010, Imane obtient la nationalité américaine et se sent à même de pouvoir réclamer ses droits de citoyenne, notamment celui de la liberté religieuse, conformément au premier amendement de la constitution américaine. Le 15 août de la même année, elle arrive à son travail vêtue de son hijab avec l'intention de le porter pour le ramadan, disait-elle à l'époque. Un acte considéré par ses responsables comme une «violation» aux règles de l'entreprise. Ces derniers lui proposent de porter un chapeau ou de travailler à un poste où elle serait à l'abri des regards des clients, notamment en téléphonie et en boulangerie. Ce qu'Imane refuse et se voit alors suspendue. «Le chapeau fait une plaisanterie de ma religion et attire encore plus l'attention sur moi», déclare-t-elle. Après avoir quitté le travail, Imane dépose une plainte auprès de la US Equal Employment Opportunity Commission. Et c'est le 8 août dernier qu'elle a reçu un avis de la part de la Commission, lui donnant le «droit de d'intenter des poursuites», rapporte le New York Daily News. Imane Boudlal avait travaillé à la station pendant près de deux ans et demi avant l'incident. Mais, d'après ses déclarations à KTLA Info, elle s'est rendue compte qu'elle devrait être autorisée à porter son foulard au travail seulement après avoir passé l'examen de citoyenneté des Etats-Unis. Disney assure avoir fait tous les efforts possibles «Nous avons présenté Mme Boudlal de multiples options pour répondre à ses croyances religieuses, et lui avons proposé plusieurs postes qui lui permettraient de porter son propre hijab», a déclaré Suzi Brown, porte-parole de Disneyland. Malheureusement, elle a rejeté tous nos efforts et a depuis refusé de venir travailler». En effet, Imane n'a pas travaillé chez Disney depuis le 21 août 2010, a déclaré l'un de ses avocats, Mark Rosenbaum. Mais avant cette date, la jeune femme a dû subir le harcèlement de ses collègues qui la traitaient de «terroriste», de «fabriquante de bombe» ou encore de «chameau». Des faits qu'elle a signalés à sa hiérarchie à plusieurs reprises, mais sans que celle-ci ne réagisse. Il ne s'agit pas d'un droit spécial pour musulmans Edina Lekovic, politique et directeur de la programmation à la communauté musulmane du Conseil des affaires publiques, ne voit pas pourquoi Disney ne ferait pas comme bon nombre d'entreprises américaines. «Si vous pouvez avoir des femmes portant le hijab qui sont des agents de contrôle TSA [Transportation Security Administration] et qui travaillent dans d'autres aspects de la vie professionnelle, je ne vois pas pourquoi Disney ne pourrait pas d'adapter», a-t-elle déclaré, rapporte le Washington Post. Pour Eugene Volokh, professeur de droit à l'Université de Californie, Imane ne demande pas «un droit spécial pour musulmans», puisque plusieurs autres religions ont obtenu des dérogations pour leurs convictions. Et ce fait pourrait rendre la «réclamation [Mme Boudlal] assez solide». La plainte d'Imane comprend sept chefs d'accusation contre Walt Disney, y compris l'échec à prévenir la discrimination, le harcèlement et le licenciement abusif, en violation de la politique publique. Elle demande aussi à la cour d'ordonner à Disney de permettre aux salariés musulmans de porter le hijab dans les rôles publics sans un chapeau ou d'autres couvertures, ainsi que la formation des employés contre ces fléaux, afin d'éviter une telle situation se reproduise.