La langue anglaise grignote du terrain à mesure que les jeunes marocains reconnaissent sa valeur et son importance dans le monde d'aujourd'hui. C'est un phénomène très visible surtout sur les réseaux sociaux chez les jeunes étudiants et entrepreneurs qui veulent se frayer une place sur la scène internationale. Do you speak english ? De plus en plus de Marocains répondent «Yes !» La langue anglaise attire de plus en plus de jeunes qui appellent au remplacement du français comme première langue étrangère du pays. Dans ce sens, ils mènent des campagnes massives sur les réseaux sociaux sous le hashtag #Yes_for_english_instead_of_french_in_Morocco (Oui à l'anglais au lieu du français au Maroc.) «Il est temps que le Maghreb s'intéresse davantage au partenariat avec le monde anglo-saxon», lit-on dans un tweet posté le 29 septembre. Selon le un rapport intitulé «Shift to English in Morocco» (Passer à l'anglais au Maroc) du British Council au Maroc publié en avril dernier, plus des deux tiers des jeunes marocains pensent que l'anglais devrait remplacer le français comme principale langue étrangère du Maroc, d'ici 5 ans. L'étude affirme que 74% des 1 200 jeunes Marocains (15 à 25 ans) sondés, préfèrent que l'anglais devienne la première langue étrangère. Un atout majeur dans le monde actuel Toujours selon le rapport du British Council, 74 % des personnes interrogées pensent que le passage à l'anglais profitera aux ambitions du pays afin de devenir une plaque tournante internationale dans les affaires. Certains partisans de ce grand changement estiment que l'anglais est «une langue qui franchit toutes les frontières» et, en cas d'adoption, permettra d'élargir les horizons de la jeunesse marocaine. En effet, l'anglais, langue internationale, est devenue indispensable dans le monde professionnel, mais aussi comme la langue des sciences, des affaires, de l'internet et de l'avenir. Pour l'entrepreneure Sabrine Abanouas, co-fondatrice de l'agence digitale Paragraph9 Studio, l'utilisation de l'anglais est essentielle : «Nous incluons l'anglais dans notre communication principalement pour nous rapprocher au maximum d'un public international qui est très répandu dans l'industrie numérique», explique-t-elle. Mais la demande ne vient pas seulement de l'extérieur, le Maroc devint de plus en plus friand de la langue de Shakespeare. «La majorité de nos clients au Maroc ont tendance à opter pour l'anglais pour leur communication», affirme Sabrine Abanouas. L'école, la clef pour l'international Au Maroc, élèves et lycéens demandent à apprendre davantage l'anglais. Pour répondre à cette demande croissante, les établissements anglophones tels que la British International School de Casablanca ou la London Academy, se multiplient dans les grandes villes du Royaume, et entrent en concurrence directe avec un réseau français encore dominant parmi les écoles étrangères. Cependant, le réseau anglophone facilite logiquement l'accès à la scène internationale. Pour Sabrine Abanouas, «inclure davantage l'anglais à l'école pour les générations futures, permettra d'ouvrir plus de portes et fournir plus d'opportunités à nos jeunes, et ce, en leur offrant un meilleur accès au réseau mondial». En effet, bon nombre de nouveaux lycéens désirent que l'anglais soit plus présent dans le système éducatif. Nora, 17 ans, explique : «J'aurais aimé apprendre à parler anglais dès le plus jeune âge. Je n'ai pas grandi dans un milieu propice à cet apprentissage, mais je me suis améliorée seule, avec des films, des musiques et des livres.» «Même si le français reste important au Maroc, l'anglais devrait prendre davantage de place pour nous permettre d'avoir plus d'occasions de réussir à l'international.» Nora Cette bataille linguistique s'inscrit dans une logique d'évolution graduelle et continuelle vers l'universalité, avec des arguments économiques et de compétitivité. En revanche, le français n'est pas pour autant en déclin. La loi-cadre adoptée en 2019, renforçant le français dans le système éducatif est en train de faire son chemin pour recouvrir peu à peu la plupart des spécialités, afin de mieux préparer les élèves à l'enseignement supérieur.