En bloquant la «brèche» d'El Guerguerate, le Polisario voulait couper le Maroc de sa profondeur sahélo-africaine. L'opération des FAR du 13 novembre a tout chamboulé. Le Polisario est sorti du bois, et l'Algérie a de plus en plus de mal à se cacher derrière son statut «d'observateur». Le 13 novembre 2020, les Forces armées royales mettaient un terme a presque trois semaines de blocage du passage d'El Guerguerate par des éléments du Polisario. Une année après cette intervention, ceux qui pariaient sur une reprise des armes entre le Maroc et le Polisario, ont déchanté. A l'exception de quelques escarmouches sporadiques et un nombre très limités de morts, la guerre n'existe que dans les communiqués publiés quotidiennement par la direction du Polisario et dans les déclarations de ses membres. La dernière en date porte la signature du nouveau chef de son armée, Mohamed El Ouali Akeik. Loin de ces fanfaronnades destinées à la consommation interne à Alger et dans les camps de Tindouf, la réalité sur le terrain est moins réjouissante. Les populations sahraouies qui campaient près de Bir Lahlou ou Tifarity sont reparties vers Tindouf. A l'extrême sud, le Maroc a sécurisé le passage d'El Guerguerate pour ne plus subir les blocages des milices. Plus gênant pour la propagande du Polisario, l'activité économique, à travers le passage, entre le royaume et les autres pays de l'Afrique de l'Ouest n'a pas été interrompue. En témoigne, le nombre croissant de camions qui traversent chaque jour, et en toute sécurité, El Guerguerate en direction des marchés de la Mauritanie, du Mali ou de la Côte d'Ivoire. C'est dire que le principal objectif du blocage, qui était de couper le Maroc de sa profondeur africaine, ne s'est pas réalisé. L'opération a démasqué le «statut d'observateur» de l'Algérie En revanche, l'intervention des FAR du 13 novembre 2020 a apporté une preuve de plus que la question du Sahara occidental oppose bel et bien le Maroc à l'Algérie. Déloger les éléments du Polisario d'El Guerguerate a en effet exacerbé les tensions entre les deux pays voisins. Alger qui n'a pas accepté que le Maroc étende sa souveraineté sur le passage, avec la bénédiction de l'ONU et des Nations unies ainsi que la compréhension de certains pays de l'Union européenne, a laissé éclater sa colère, notamment après la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël et la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Depuis le pouvoir algérien a lancé une campagne médiatique accusant le royaume de tous les échecs résultants de sa mauvaise gestion du pays comme les feux de forêts en Kabylie, l'assassinat du jeune Djamel Bensmail, sans parler du soutien au Mouvement d'autodétermination de la Kabylie (MAK) et au Mouvement Rachad (islamiste), deux organisations que le gouvernement algérien a classé terroristes. Des accusations portées par les plus hautes autorités du pays, et suivies par l'annonce, le 24 août, de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc et la décision prise le 22 septembre, de fermer son espace aérien aux avions marocains civils et militaires. Une année après l'intervention des FAR, l'escalade politique entre le Maroc et l'Algérie s'est davantage exaxerbée. L'affaire des camions algériens détruits près de Bir Lahlou a conduit à un discours plus guerrier du côté d'Alger avec des menaces de représailles. Le Maroc n'ayant pas répondu, le basculement vers un coûteux conflit armé frontal semble s'éloigner.